Ce vendredi, le gouvernement espagnol a pris le relais du tennisman Rafael Nadal pour condamner un sketch des "Guignols de l'info" (diffusé sur Canal+) évoquant la sanction pour dopage prononcée à l'égard du cycliste Alberto Contador.
AFP - L'affaire des vidéos des "Guignols" s'amusant de la sanction pour dopage du cycliste Alberto Contador a pris un tour diplomatique avec une protestation de Madrid auprès de Paris, le champion de tennis Rafael Nadal dénonçant quant à lui une "campagne contre l'Espagne".
Depuis plusieurs jours, des médias et des responsables sportifs espagnols fustigent "les attaques des Français" contre le sport espagnol, après la suspension lundi pour deux ans de Contador. Une décision du Tribunal arbitral du Sport qui a soulevé une vague d'indignation dans le pays.
"Ce n'est pas une campagne contre moi, ni contre personne. C'est une campagne contre l'Espagne en général, et contre le sport espagnol", a affirmé jeudi Nadal, qui apparaît en France dans plusieurs vidéos des "Guignols de l'info" suggérant un dopage généralisé en Espagne.
"Je ne pense pas que ce soit la question d'un seul média. C'est une campagne plus globale depuis un pays voisin", a insisté le joueur, qui n'a jamais été contrôlé positif.
"Ce ne sont pas des marionnettes", s'indigne encore en Une vendredi le journal sportif Marca, affichant les photos des champions espagnols de toutes disciplines sportives et consacrant pas moins de huit pages à "la guerre des Guignols".
Un éditorial publié mercredi par le quotidien français Le Monde, intitulé "l'Espagne doit regarder le dopage en face", avait alimenté un ressentiment déjà vif à l'égard des Français depuis que, dans le même quotidien, l'ex-champion de tennis français Yannick Noah avait évoqué la "potion magique" espagnole.
Mais ce sont les vidéos des marionnettes humoristiques françaises des "Guignols de l'info", sur la chaîne Canal+, qui ont mis le feu aux poudres.
Nadal y apparaît plusieurs fois, notamment signant une pétition de soutien à Contador avec une seringue, ou chantant "Viva Espana" en compagnie d'autres icônes du sport espagnol comme le gardien du Real Madrid Iker Casillas, Contador et le joueur de basket Pau Gasol.
"J'ai 15 litres de sang dans le frigo, et viva Espana!", s'époumone Nadal. "Je suis plus chargé que Jeannie Longo" (ndlr: la cycliste française dont le mari et entraîneur vient d'être inculpé pour achat d'EPO), chante Casillas, "On m'appelle le roi de l'EPO", entonne Gasol, tandis que Contador proclame "Je roule avec du sang de taureau, et viva Espana!".
Le sketch évoque aussi une copie de la "Joconde" mise au jour récemment en Espagne, et beaucoup plus musclée que la Mona Lisa de Léonard de Vinci exposée au musée du Louvre.
Un humour jugé de très mauvais goût en Espagne. Au point qu'après les responsables sportifs, le gouvernement espagnol s'en est mêlé.
Le ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia-Margallo a dénoncé jeudi des vidéos "d'un mauvais goût incroyable" et annoncé l'envoi d'une lettre au ministère français des Sports.
Un autre courrier a été adressé au directeur de Canal+ "pour lui signifier notre mécontentement", a-t-il ajouté, ainsi qu'un communiqué à tous les médias français.
Canal + a jugé ces "réactions disproportionnées", rappelant que "les Guignols" est "une émission satirique qui depuis 20 ans caricature l'actualité française et internationale".
Reste que l'ambassadeur de France a dû s'expliquer dans les médias, louant les exploits des sportifs ibères.
"S'agissant des reproches faits à la France à l'occasion de ce qui a pu être dit ou fait par des médias français, on rappelle naturellement l'indépendance de la presse", a affirmé à l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Pour lui, "ce qui est important, c'est de calmer les esprits et de le faire très vite".