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Depuis le début du soulèvement populaire en Syrie, en mars 2011, l'opposition peine à incarner une alternative crédible au régime de Bachar al-Assad. Et ce faute d’unité, notamment entre ses deux principales plateformes.

Alors que les violences se poursuivent en Syrie, l'opposition ne parvient pas encore à constituer un bloc uni face au régime de Bachar al-Assad. Zoom sur ses deux principaux blocs. 

CNS, principal courant de l’opposition

Le Conseil national syrien (CNS), créé officiellement le 2 octobre 2011 à Istanbul sur le modèle du Conseil national de transition libyen (CNT), est la plus importante coalition de cette opposition hétérogène. Elle regroupe une grande partie des courants politiques opposés au régime. Actuellement présidée par Burhan Ghalioun (photo principale), un universitaire respecté et exilé en France depuis plus de trente ans, elle compte dans ses rangs les Comités locaux de coordination (LCC), composés de militants qui chapeautent les manifestations sur le terrain, de libéraux, d'intellectuels, de nationalistes arabes, de la confrérie islamiste des Frères musulmans, ainsi que de partis kurdes et assyriens. La grande majorité de ses membres se trouve à l'étranger. Leurs objectifs affichés : soutenir les manifestants sur le terrain, travailler à la chute du régime et œuvrer à la mise en place d’un système politique démocratique, pluraliste et séculier. Notamment en s'activant pour s'assurer du soutien des pays arabes et de la communauté internationale.

 
Nouvel assaut dans un quartier de Homs

Des chars syriens ont pris d'assaut vendredi un quartier de la ville rebelle de Homs, où les soldats ratissaient le secteur maison par maison, ont indiqué des militants.

"Les chars sont entrés dans le quartier Inchaat" avant l'aube, a déclaré Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les troupes étaient toujours sur place vendredi matin, près du quartier de Baba Amr, cible d'un bombardement intensif des troupes depuis samedi.
 

"Salué" par l’Union européenne au moment de sa création et considéré comme un "interlocuteur légitime" par la France, le CNS jouit d’une importante visibilité internationale. Mais son éloignement du terrain est souvent pointé du doigt par les analystes et certains de ses propres membres. "Le CNS est parfois comme paralysé. Il va trop lentement par rapport à ce qui se passe dans le pays", a récemment confié à l’AFP George Sabra, un opposant historique au clan Assad qui appartient à la direction du Conseil national syrien. En outre, ses détracteurs le soupçonnent d’être influencé par des puissances étrangères, notamment par ses principaux parrains : le Qatar et la Turquie.
La rue syrienne a toutefois reconnu la représentativité du CNS, dès le 7 octobre 2011, au cours d’une série de manifestations. Fin novembre, l’Armée syrienne libre (ASL), créée le 29 juillet 2011 et qui regroupe les officiers et les soldats déserteurs qui luttent contre l’armée régulière, a reconnu l’autorité politique du CNS.
Le CNCD prône le dialogue
Malgré cette forte légitimité, le CNS est miné par des dissensions internes, notamment entre les religieux et laïcs qui le composent. "Il n'y a pas de discipline", a récemment concédé à l’AFP la porte-parole de l’instance, Basma Kodmani. Mais le Conseil national syrien peine surtout à rallier le deuxième pôle le plus important du pays : le Comité national pour le changement démocratique (CNCD). Début janvier, un projet de coalition entre les deux organes a d’ailleurs échoué, après plusieurs semaines de tractations.
Basé en Syrie et créé à Damas en juin 2011, le CNCD représente des forces de gauche, des intellectuels et seize partis politiques. Il est notamment dirigé par l'avocat et opposant Hassan Abdel Azim ainsi que par Haytham al-Manaa, porte-parole de la Commission arabe des droits de l'Homme. Cette coalition appelle, entre autres, à la fin de la violence et à la mise en place d’un gouvernement de transition chargé d’établir une nouvelle constitution instaurant un État civil, le pluralisme politique et la séparation des pouvoirs. Mais contrairement au CNS, qui exige le départ du président Assad comme préalable, le CNCD est prêt au dialogue avec le régime. Ses détracteurs l'accusent d'avoir par conséquent une position trop conciliante à l'égard du pouvoir. Cette plateforme est opposée à toute intervention militaire étrangère en Syrie, alors que le CNS demande une "protection internationale" sur le terrain.

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