Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui s'est entretenu ce mardi à Damas avec Bachar al-Assad, le président syrien est "déterminé à mettre fin aux violences". Au même moment, les bombardements se poursuivaient à Homs.
"Le président de la Syrie nous a assuré être totalement déterminé à mettre fin aux violences quelles que soient leurs origines." Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, s’est montré confiant à l’issue de son entretien avec le président Bachar al-Assad mardi 7 février. Un entretien qu’il a qualifié de "très utile", alors qu’il se trouve à Damas où il a été accueilli en héros par des milliers de Syriens venus remercier le principal allié du pays pour son soutien, comme le montraient des images diffusées par la télévision d'Etat.
Selon le chef de la diplomatie russe, le président syrien s’est dit ouvert au dialogue entre
Assad promet de collaborer pour "garantir la stabilité en Syrie"
Le président syrien Bachar al-Assad a assuré mardi qu'il était prêt à "coopérer" à tout effort pour la stabilité de la Syrie, lors d'un entretien à Damas avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, selon l'agence officielle Sana
toutes les forces politiques du pays et devrait annoncer prochainement la date d'un référendum sur une nouvelle Constitution en Syrie.
La Russie s'est pour sa part dite prête à continuer à chercher une solution au conflit syrien. "Nous avons confirmé notre bonne volonté de contribuer à une sortie de crise sur la base de l'initiative proposée par la Ligue arabe", a déclaré depuis Damas Sergueï Lavrov, cité par les agences russes. Pour rappel,
ce plan de sortie de crise, proposé le 22 janvier par la Ligue arabe, prévoit en premier lieu la fin des violences et le transfert des pouvoirs du président Assad à son vice-président.
Poursuite des opérations à Homs
"Nous aurions préféré entendre les Russes tenir ce langage, samedi, au Conseil de sécurité, car le plan proposé par la Ligue arabe est véritablement la voie pour sortir de la crise et arrêter la violence en Syrie", a estimé, ce mardi, Bernard Valéro, porte-parole du quai d’Orsay, sur l’antenne de FRANCE 24. Les promoteurs du texte de la résolution bloqué par Moscou et Pékin avaient en effet fait valoir que celui-ci visait essentiellement à appuyer les efforts de médiation de la Ligue arabe.
"Nous allons voir ce qui va se passer après la visite du chef de la diplomatie russe en Syrie, nous allons voir si l’armée va rentrer dans les casernes, si la violence va s’arrêter et si les prisonniers seront libérés", a ajouté Bernard Valéro.
Alors que Sergeï Lavrov rencontrait Bachar al-Assad,
l’armée syrienne poursuivait son assaut sur Homs,
haut lieu de la contestation. Au moins 21 civils ont été tués ce mardi, dont 15 à Homs dans des bombardements des forces du régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans un communiqué publié dans la matinée, le ministère syrien de l'Intérieur s'est d’ailleurs engagé à poursuivre ses "opérations" contre les "groupes terroristes" dans cette ville du centre du pays.
La Syrie, unique allié arabe de Moscou
Selon les analystes, la marge de manœuvre russe reste limitée sur le dossier syrien, malgré la coopération militaire et les intérêts économiques qui lient les deux pays. "Je ne vois pas Moscou obtenir une solution à la crise syrienne de sitôt, d’autant plus que le Kremlin tient à éviter une chute du régime d’Assad, contrairement à ce que propose implicitement la Ligue arabe", explique à FRANCE 24 Marie Mendras, politologue au CNRS, au CERI et professeur à Sciences-Po où elle enseigne la politique étrangère russe.
Pour Jacques Sapir, spécialiste de la Russie et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris, il ne faut rien attendre de "spectaculaire" de la visite de Sergueï Lavrov en Syrie. "Damas ne prendra pas de décision radicale au terme de cette visite, explique-t-il à FRANCE 24. Du point de vue russe, il faut simplement que le régime syrien redevienne présentable car il est exclu, et c’est un point constant, que la crise syrienne débouche sur un basculement des forces au Moyen-Orient."
La plus grande crainte de la Russie est de perdre en effet son unique allié arabe, celui même qui lui offre un débouché sur la Méditerranée, grâce à la base navale de Tartous (nord-ouest) cédée par les Syriens. Ce qui équivaut à une garantie pour le président syrien de rester au pouvoir, tant qu’il jouira de l’appui de la Russie sur le plan diplomatique et militaire.
"En optant pour le rôle de protecteur du président Assad, les Russes semblent avoir choisi une voie sans issue à moyen terme ; ce choix diplomatique ne leur permet de jouer les premiers rôles sur le plan international sur ce dossier en ce moment, mais reste à savoir s’ils ont un plan B ou C, en cas de chute éventuelle du régime", conclut de son côté Marie Mendras.