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Pékin justifie les raisons de son veto au Conseil de sécurité de l'ONU

Suscitant l'indignation de l'Occident, la Chine explique avoir opposé son veto sur la Syrie pour éviter toute approche "simpliste" de la situation. Par le blocage de cette résolution, Pékin entend déjouer une "catastrophe humanitaire".

REUTERS - En opposant son veto au Conseil de sécurité au projet de résolution sur la Syrie, la Chine ne s'est pas rangée derrière le régime de Bachar al Assad mais a pris ses responsabilités pour éviter une approche "simpliste" de la situation, défend lundi le Quotidien du peuple, l'organe du Parti communiste chinois.

Le blocage de cette résolution, samedi, par la Chine et la Russie a provoqué une vague d'indignation dans les capitales occidentales et arabes, où Pékin et Moscou sont accusés d'avoir paralysé l'action de l'Onu alors que la répression se poursuit en Syrie. (voir )

Mais dans un éditorial publié lundi, le Quotidien du peuple,qui reconnaît que "la situation en Syrie continue de détériorer et (que) le nombre de victimes civiles continue de
s'accroître", souligne que les exemples récents en Libye, en Afghanistan et en Irak démontrent l'erreur que constituerait un changement forcé de régime à Damas.

Le projet de résolution apportait le "soutien entier" du Conseil de sécurité des Nations unies au plan de la Ligue arabe, qui a appelé le mois dernier Bachar al Assad à s'effacer du pouvoir en transférant ses prérogatives à un vice-président et prévoit la formation d'un gouvernement d'union nationale.

"Mettre un veto au projet de résolution du Conseil de sécurité ne signifie pas que nous donnons libre cours à la poursuite de ces événements déchirants", écrit le journal.

Mais il ajoute: "Actuellement, la situation en Syrie est extrêmement complexe. Soutenir de manière simpliste un camp et réprimer l'autre peut apparaître comme une manière salutaire de changer le cours des choses mais aurait en fait pour effet de planter de nouvelles graines menant à une catastrophe."

Le précédent libyen

Le journal relève également les inquiétudes de la Chine face aux interventions soutenues par l'Occident dans le monde arabe et dans d'autres parties du monde.

En mars 2011, la Chine s'est abstenue lors du vote de la résolution 1973 qui imposait une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye et réclamait la protection des populations civiles face à la menace que représentaient les forces du régime de Mouammar Kadhafi.

Cette résolution a servi de mandat à la campagne aérienne menée par l'Otan qui a abouti au final au renversement de Kadhafi. La Chine et la Russie considèrent que le mandat a été outrepassé.

"La Libye constitue un cas d'étude négatif", écrit le Quotidien du peuple. "L'Otan a abusé de la résolution du Conseil de sécurité sur l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne et a fourni une aide militaire directe à une partie engagée dans
la guerre de Libye."

Le journal cite aussi les "calamités" survenues en Irak et en Afghanistan qui, dit-il, "devraient suffire à ouvrir les yeux du monde". "Eviter par la force une catastrophe humanitaire semble répondre à un sens de la justice et de la responsabilité,
mais les attaques et les attentats inarrêtables plus de dix ans après un changement de régime ne constituent-ils pas eux aussi une catastrophe humanitaire ?"