Le groupe d'"hacktivistes" a posté sur web des échanges confidentiels entre des agents du FBI et des détectives londoniens portant sur ses activités. La police britannique enquête sur l'origine de ces enregistrements.
AFP - Les pirates informatiques Anonymous ont rendu publique vendredi une conversation téléphonique entre le FBI et Scotland Yard consacrée aux activités de ces mêmes "hackers", une "information obtenue illégalement", a souligné la police fédérale américaine dans un communiqué.
L'enregistrement de près de 17 minutes a été mis en ligne sur le site YouTube, accompagné d'un courrier électronique d'un agent du FBI organisant la conférence téléphonique pour le 17 janvier.
"L'information était uniquement destinée aux responsables des forces de l'ordre et a été obtenue illégalement", a indiqué le FBI dans un communiqué. La police fédérale ajoute qu'une enquête a été ouverte pour identifier et poursuivre ces responsables en justice.
Le courriel joint à la vidéo invite des membres des forces de l'ordre européennes à participer à cette conférence téléphonique pour "discuter des enquêtes en cours relatives à Anonymous, Lulzsec, Antisec et d'autres groupes" de pirates informatiques.
Le courrier a été envoyé à des responsables des polices du Royaume-Uni, de France, d'Allemagne, des Pays-Bas, de Suède et d'Irlande mais les seuls participants à s'identifier dans la vidéo se présentent comme des membres du FBI et de Scotland Yard.
Le message mentionne les numéros de téléphone à composer pour accéder à la conférence téléphonique.
Dans un tweet, Anonymous a posté les liens conduisant à l'enregistrement audio et ajoute que le FBI "doit être curieux de savoir comment nous sommes capables de lire en permanence leurs communications internes, depuis longtemps maintenant".
Le FBI précise, dans son communiqué, que son système informatique n'a pas été "violé" à cette occasion.
Graham Cluley de Sophos, société de sécurité informatique, a indiqué sur son blog que les pirates avaient accédé à l'appel après avoir apparemment "infiltré la boîte de courrier électronique d'un enquêteur de la police".
"Les policiers seront sans aucun doute consternés de réaliser que les gens qu'ils cherchent à arrêter peuvent avoir écouté leurs conversations internes", a-t-il ajouté.
A différents moments de la vidéo, les policiers britanniques et américains évoquent certaines cibles de leurs opérations, dont Jake Davis et Ryan Cleary, deux adolescents britanniques arrêtés l'an dernier pour piratage informatique. D'autres noms ont été brouillés.
Davis a été inculpé pour piratage de sites internet, dont celui de l'Agence britannique sur le crime organisé (SOCA) qui n'a pas fonctionné pendant plusieurs heures le 20 juin après une cyberattaque.
Cleary a été détenu en lien avec une opération de piratage d'un mois conduite par un groupe dissident d'Anonymous Lulz Security.
A un moment, un participant britannique de la conférence téléphonique remercie son homologue américain de l'avoir aidé à inspecter le disque dur de Cleary.
Un peu plus tard, un policier britannique parle d'un pirate informatique des West Midlands au Royaume Uni, qui répond au surnom de "tehwongz". "C'est un adolescent de 15 ans qui ne fait tout ça que pour attirer l'attention et qui est un peu idiot", dit-il.
Le mois dernier, Anonymous --un groupe de pirates disséminés dans le monde entier et représentés par un masque blanc et noir au sourire sarcastique--, avait mis hors service pendant plusieurs heures les sites du FBI et du ministère de la Justice américain, en représailles à la fermeture par les Etats-Unis du site d'hébergement Megaupload.
A chaque fois, leur méthode est la même: perturber le fonctionnement d'un site en le saturant de connexions.
Fin 2010, Anonymous s'est attaqué aux sites Amazon, Visa, MasterCard et PayPal pour dénoncer leurs décisions d'arrêter de travailler avec WikiLeaks.