Le Conseil de sécurité de l'ONU élabore un nouveau projet de résolution sur la Syrie dans l'espoir de convaincre la Russie de voter une intervention militaire. Moscou n'a pas encore réagi au nouveau texte, qui est en cours d'examen.
AFP - Le Conseil de sécurité de l'ONU a un nouveau projet de résolution sur la Syrie qui fait des concessions à la Russie dans l'espoir de lever son blocage et abandonne toute référence explicite au départ de Bachar al-Assad, selon le texte obtenu par l'AFP jeudi.
La résolution "soutient pleinement (...) la décision de la Ligue arabe du 22 janvier 2012 de faciliter une transition politique menant à un système politique démocratique et pluraliste". Mais les détails de cette transition --notamment le transfert des pouvoirs du président Bachar al-Assad à son vice-président-- n'apparaissent plus.
Le processus de transition démocratique avait été décidé par la Ligue arabe en janvier dans son plan de règlement de la crise syrienne.
Les décisions de la Ligue "ne sont pas explicitées dans le dernier texte mais on comprend clairement à quoi elle se réfèrent", a fait valoir un diplomate occidental.
"L'essentiel, a expliqué un autre diplomate, est que le Conseil de sécurité soutienne le plan de la Ligue arabe" et qu'il y ait une clause prévoyant que le Conseil refera un point de la situation dans les trois semaines suivant l'adoption d'une résolution.
A l'égal de ses prédécesseurs, le nouveau texte "condamne la violence d'où qu'elle émane".
La Russie, ainsi que l'Inde notamment, insistait depuis le début de la négociation pour que le Conseil ne préjuge pas de l'issue d'une transition démocratique en Syrie en demandant a priori que le président Assad cède le pouvoir.
"La Russie ne veut pas une transition imposée", a souligné un diplomate. Il a expliqué qu'il s'agissait sur ce point essentiel de "trouver les mots", les Occidentaux voulant exprimer un soutien fort au plan de la Ligue tandis que Moscou s'efforce d'affaiblir le texte sur ce point.
Le texte abandonne aussi toute référence aux sanctions économiques décidées par la Ligue arabe contre Damas en novembre 2011, ainsi qu'un paragraphe où le Conseil "s'inquiétait" des ventes d'armes à la Syrie, que Moscou souhaite poursuivre.
La Russie va continuer d'exporter des armements à la Syrie en dépit de l'escalade de la violence dans ce pays, dans la mesure où il n'y a aucune restriction dans ce domaine, a indiqué jeudi le vice-ministre russe de la Défense, Anatoli Antonov.
La Russie n'a pas encore réagi au nouveau texte, qui a été transmis aux capitales pour examen. "Nous ne savons pas ce que les Russes vont dire" aujourd'hui quand les discussions entre ambassadeurs reprendront dans l'après-midi, a expliqué un diplomate. "Les Russes n'ont pas encore dit définitivement ce qu'ils étaient prêts ou non à accepter".
Il a noté qu'une réunion du Conseil de sécurité nationale russe doit se tenir vendredi à Moscou et que le sujet de la Syrie serait aussi discuté à la 48e Conférence sur la sécurité de Munich ce week-end. Plusieurs diplomates ont estimé qu'un vote sur une résolution ne devrait pas intervenir avant la semaine prochaine.
Jusqu'à présent, la Russie s'est montrée inflexible, son représentant à l'ONU Vitali Tchourkine menaçant d'un veto russe si le Conseil votait sur "un texte que nous considérerions comme erroné".