
En Martinique, après deux nuits de violences, le préfet invite la population à ne pas sortir après 19h. En Guadeloupe, les négociateurs se sont réunis pour tenter de trouver un accord malgré l'absence du Medef.
Reuters - Certains négociateurs
se sont réunis jeudi à Pointe-à-Pitre pour tenter de parvenir à
un accord en Guadeloupe, malgré l'absence des représentants du
Medef et de la CGPME.
Willy Angèle, président du Medef, a expliqué lors d'une
conférence de presse qu'il n'était pas venu parce qu'il avait
estimé que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies mais
que les négociations n'étaient pas rompues pour autant.
Les représentants de la GCPME, de la fédération du BTP et
des PMI (petites et moyennes industries) ont également décidé de
ne pas prendre part à cette nouvelle séance de négociations.
Le collectif LKP est pour sa part prêt à signer un accord
avec les organisations patronales présentes et il renvoie le
Medef et la CGPME à leurs responsabilités, a déclaré Rosan
Mouniem, un membre du collectif, lors d'un point avec les
militants.
Angèle a expliqué qu'il s'était senti insulté et menacé
mercredi soir lors d'un vif échange avec Elie Domota, chef de
file du LKP.
Médiateurs, patronat et syndicats, qui avaient discuté
mercredi pendant 11 heures, devaient se retrouver jeudi pour
tenter de s'entendre sur un "Meccano" financier accédant aux
revendications salariales du collectif LKP.
En Martinique, où de nouveaux incidents étaient redoutés
après 20 jours de conflit, malgré des renforts de police, le
secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo s'est dit prêt à
étendre les concessions financières faites en Guadeloupe.
Recevant 30 élus de l'outre-mer à Matignon, le Premier
ministre François Fillon a appelé les négociateurs à la
"responsabilité" et a lancé une mise en garde aux auteurs de
violences en Martinique.
En Guadeloupe, les locaux de RFO ont été envahis par les
manifestants dans l'après-midi, une action condamnée par les
élus présents à Paris. La ministre de l'Intérieur Michèle
Alliot-Marie a annoncé des poursuites judiciaires sur ces faits.
Dans sa première concession financière, le gouvernement a
proposé mercredi une prime mensuelle de 80 euros de 2009 à 2011
pour les 45.000 salariés guadeloupéens touchant jusqu'à 1,4 smic
(le smic équivaut à environ 1.000 euros nets par mois) dans le
cadre de "l'adaptation" du Revenu de solidarité active (RSA).
Yves Jégo a annoncé jeudi soir sur France 3 que cette
mesure, si elle était confirmée, s'appliquerait en Martinique.
"Toutes les mesures qui sont mises sur la table au nom de
l'Etat en Guadeloupe s'appliqueront dans les départements
d'outre-mer dans les mêmes conditions si cela est souhaité",
a-t-il déclaré.
Ce "revenu supplémentaire temporaire d'activité"
s'ajouterait en Guadeloupe à la contribution promise par les
collectivités locales - 50 euros pour une année non
reconductible - et à celle du patronat - entre 50 et 90 euros
exonérés de charges.
L'addition s'approcherait ainsi de l'augmentation mensuelle
de 200 euros nets réclamé par le collectif "contre
l'exploitation" depuis le début du mouvement.
TENSION EN MARTINIQUE
Les parties devaient encore s'entendre sur les modalités
d'application du dispositif.
Elie Domota a rappelé que les organisations engagées dans la
grève refusaient le principe d'une allocation sur le mode du RSA
et a demandé que l'offre gouvernementale profite à davantage de
salariés, jusqu'au niveau de 1,6 Smic, afin d'englober 55.000
salariés.
Il a dit vouloir aussi progresser sur "le montant de
l'intervention des patrons, qui reste à négocier et, la
pérennité de l'accord".
"Il est prévu sur trois ans. Au-delà, nous demandons à ce
que cette augmentation de salaire soit prise en charge par les
patrons", a-t-il dit.
Quelques centres commerciaux et stations-service ont rouvert
en Guadeloupe mais en Martinique, la situation s'envenime.
La ville de Fort-de-France a connu une deuxième nuit de
violences. Une vingtaine de commerces ont été pillés par des
bandes de jeunes qui, selon la radio locale RCI, auraient été
armés de fusils à pompe. Une trentaine de personnes ont été
interpellées, a-t-on précisé de source judiciaire.
Les négociations sur les salaires sont au point mort entre
le "collectif du 5 février", et le patronat. Le collectif
réclame 354 euros d'augmentation, le patronat en propose 60.
"Nous ne laisserons pas le désordre s'installer en
Martinique", a dit jeudi soir à Paris François Fillon à la
presse, promettant "les moyens nécessaires pour assurer la
sécurité des biens et des personnes".
ner qu'il ne s'agissait pas d'un couvre-feu, tout en avertissant: "si cela continue comme cela, il va y avoir un drame".