
, avec depêches – Les projets environnementaux du candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, concernant notamment le nucléaire et la consommation énergétique, ont été sévèrement critiqués par la majorité mais aussi par les mouvements écologistes.
François Hollande aurait-il délaissé la question écologique ? C’est en tout cas ce qu’estiment les mouvements écologistes ainsi que la ministre de l’Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet. "Les 60 engagements pour la France", livret publié le 26 janvier détaillant le programme électoral du candidat socialiste, ne leur donne pas tout à fait tort. Sur 60 propositions, seules trois concernent explicitement l’environnement – elles n’apparaissent qu’à la 27e page de l’ouvrage qui en compte 40. Elles se rapportent à l’avenir du nucléaire français, à la consommation d’eau, de gaz et d’électricité, et à l’isolation thermique des logements.
"Insuffisant", estime Nathalie Kosciusko-Morizet. Selon la ministre de l’Écologie et du Développement durable, les engagements de François Hollande ne représentent en rien un véritable programme environnemental. "Il n’y a rien sur l’écologie, il n’y a pas de chapitre environnement", a-t-elle affirmé à l’AFP, avant de poursuivre, cinglante : "Quand il y a une proposition, au détour d’un autre chapitre, c’est en général une proposition qui témoigne d’une grande méconnaissance du sujet".
La proposition numéro 42 du candidat socialiste agace particulièrement la ministre. "Je ferai adopter une nouvelle tarification progressive de l’eau, de l’électricité et du gaz afin de garantir l’accès de tous à ces biens essentiels et d’inciter à une consommation responsable", écrit François Hollande dans son manifeste. Mais la tarification progressive de l’eau "est aujourd’hui possible de manière volontaire", rétorque Nathalie Kosciusko-Morizet, en précisant que "si cela ne se fait pas de manière généralisée, c’est qu’il y a en France des milliers de services de l’eau, qui est un service local, et dont la tarification est une gestion locale". Puis, acerbe, elle conclut : "Soit il ne le sait pas, soit il y a une grande hypocrisie derrière sa proposition".
Le programme nucléaire de Hollande mis en cause
De leur côté, les organisations écologistes pointent du doigt les propositions du candidat concernant l’énergie nucléaire – l’engagement numéro 41 de son livret : "J’engagerai la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 % à l’horizon 2025". François Hollande, dans un entretien au quotidien régional le "Dauphiné Libéré", a en effet précisé qu’il ne fermerait que Fessenheim – mise en marche en 1977, elle est la plus ancienne centrale en exploitation en France – au cours de son mandat. "Il y a une équation qui ne tient pas : il continue de s’engager à réduire de 25 % la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025, sauf que s’il assure fermer une seule centrale pendant son mandat [celle de Fessenheim] et rouvrir le dossier en 2020-23, c’est impossible", analyse Karine Gavand, responsable des questions politiques à Greenpeace.
Et pour enfoncer le clou, le candidat garantit la poursuite du chantier de l’EPR, le réacteur de nouvelle génération, à Flamanville, un point sur lequel ce dernier s’est opposé à plusieurs membres de sa propre famille politique. De quoi faire bondir l’association Sortir du nucléaire, qui s’est fendu d’un communiqué glacial sur son site internet. "Faut-il voir ici le résultat des pressions de l’industrie nucléaire, ou plutôt un manque flagrant d’ambition et de vision ? Quoi qu’il en soit, il n’y a pas plus à attendre de François Hollande que de Nicolas Sarkozy pour lutter contre le risque nucléaire en France. […] L’important pour François Hollande c’est d’être élu, quel qu’en soit le prix à payer", estime l’association.
EELV dépité mais peu critique
Étonnamment, les critiques les moins radicales sur le programme environnemental du candidat PS viennent du parti écologiste Europe Écologie-Les Verts (EELV). Le parti écolo s’était pourtant montré particulièrement réticent au chantier de Flamanville. Cette question s’était même trouvée au cœur d’un profond désaccord entre EELV et le PS lors des négociations sur "un contrat de mandature" en cas de victoire de la gauche à la présidentielle 2012. Mais vendredi, la secrétaire nationale d’EELV, Cécile Duflot, s’est gardé d’émettre des critiques trop virulentes à l’égard de François Hollande, désormais considéré comme un partenaire.
"D'un point de vue notarié, cette présentation est compatible avec l'accord que nous avons passé", a affirmé la numéro un d’EELV lors d’un point presse, regrettant pourtant l’absence d"’analyse de la racine écologique de la crise" et "une ambiguïté sur la question énergétique". Sur la radio France info vendredi, elle n’a cependant pas pu retenir un ironique "Si j’étais socialiste, je serais contente. Mais je suis écologiste", reflétant le dépit qu’elle avait exprimé sur Twitter jeudi, après lecture des 60 engagements de François Hollande : "Les écologistes sont les seuls à parler d’écologie". Eva Joly, candidate d’EELV à la présidentielle, n’a pas réagi publiquement. Elle en a laissé le soin à son porte-parole, Sergio Coronado, qui, dans Le Monde, a lâché : "Dans une société imprégnée d'écologie, c'est étrange que cela soit à ce point absent du projet de Hollande".