
François Hollande a dévoilé, jeudi, le détail des 60 mesures qu’il prévoit de mettre en œuvre s’il est élu président. Un programme qui rejoint le projet adopté en mai 2011 par le Parti socialiste et qui s'en démarque sur certains points.
Au programme, 60 mesures, 20 milliards d’euros de dépenses nouvelles et 29 milliards d’euros de recettes supplémentaires : tels sont les chiffres clefs du projet du candidat socialiste à l’élection présidentielle française, François Hollande. Il les a détaillés jeudi 26 janvier lors d’une conférence de presse à la Maison des Métallos à Paris.
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Ce programme doit servir de feuille de route si François Hollande est élu président de la République au soir du second tour, le 6 mai 2012. “Tout ce qui est dit sera fait”, a promis le candidat du PS qui assure que les “mesures présentées sont intégralement financées”, notamment par un nouveau sérieux coup de rabot sur les niches fiscales. François Hollande veut, ainsi, récuperer pour les caisses de l’État quelque 11,8 milliards d’euros de niches profitant aux ménages, et 17 milliards d’euros d’aides et d’exonérations fiscales qui bénéficient aux entreprises.
Si le candidat socialiste a présenté, comme les siennes, ces 60 mesures qui concernent essentiellement l’économie, elles reposent en grande partie sur le projet socialiste adopté le 28 mai 2011. Il a néanmoins voulu apporter à ce texte initial une “Hollande touch” rajoutant et modifiant certains points tout en mettant de côté d’autres mesures prévues par le parti. Comparaison des principaux points du projet économique “hollandiste” et de celui du Parti socialiste.
Les points de convergence.
L’une des grandes idées de François Hollande, la création d’une banque publique d’investissement, avait déjà été prévue par les dirigeants du Parti socialiste en mai 2011, à une époque où il n’avait pas encore de candidat officiel. Pour l’actuel champion de la gauche, les fonds de cet établissement permettront de soutenir les petites et moyennes entreprises et de développer l’économie sociale et solidaire. La mouture du PS - qui prévoyait même un “small business act” - diffère de la proposition de François Hollande. Le texte originel insistait sur le soutien “aux entreprises de tailles intermédiaires” (entre 250 et 5 000 salariés) dont le manque en France “est le talon d’Achille de notre économie d’exportation”. Ces entreprises sont totalement absentes du projet de François Hollande.
Ce dernier, en matière de lutte contre le chômage ne s'écarte pas du texte de 2011 . Son fameux “contrat de génération” qui doit inciter à l’embauche en CDI (contrat à durée indéterminée) de jeunes qui seraient “accompagnés” par des salariés “plus expérimentés” n’est rien d’autre qu’une reformulation d’une proposition socialiste d’instaurer un système de tutorat dans l’entreprise.
Sur la taxation du monde financier, le candidat socialiste a clairement repris les idées du projet du PS. Son ambition d’augmenter l’imposition des banques de 15 % et de militer pour une taxe Tobin européenne est déjà présente dans le texte du 28 mai. Ce dernier va, cependant, plus loin en précisant que cette taxe devrait s’élever à 0,05 % des transactions financières internationales, ce qui doit “rapporter 200 milliards d’euros par an au niveau européen”.
Toujours dans l’esprit de faire payer son écot à la finance, François Hollande a repris mot pour mot l’idée de dissocier les activités de dépôt, des activités de spéculation.
La grande refonte de l’imposition des particuliers, fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG (contribution sociale généralisée) est une antienne socialiste. Mais le texte précisait que cette modification devait s’accompagner d’une revalorisation de la prime pour l’emploi et du RSA (revenu de solidarité active). Deux “détails” qui n’ont pas été abordés par François Hollande.
Le Parti socialiste et le candidat Hollande regrettent en termes identiques les “allégements de l’impôt sur la fortune” que la gauche supprimera si elle revient au pouvoir.
La "Hollande Touch".
L'une des mesures phares de François Hollande est la création, en cinq ans, de 60 000 postes supplémentaires dans l’éducation. Ce n’est pas à proprement parler une nouveauté puisque le candidat à la présidentielle l’avait évoquée peu après son investiture par le parti. Cette proposition n’apparaît nulle part dans le projet socialiste de mai 2011.
Concernant le “produire français” promu par François Bayrou, le candidat socialiste a également inscrit dans son programme la création d’un “contrat spécifique”, aux contours flous, censé inciter les grandes entreprises à “relocaliser”.
Les divergences.
Alors que le Parti socialiste insistait sur le retour de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, François Hollande appelle simplement à un “grand débat” pour décider de ce que doit être cet âge légal. Par ailleurs, en plus de remettre à plat la réforme votée par la droite en octobre 2010, le projet du parti socialiste prévoyait une augmentation des cotisations sociales et patronales pour financer les retraites. Une volonté qui ne semble plus être à l’ordre du jour.
Entre le texte de 2011 et les 60 propositions dévoilées par François Hollande, la crise économique s’est accentuée, ce qui se traduit par une plus grande modestie dans certaines propositions. Ainsi, le candidat socialiste n'envisage plus que 150 000 contrats d’avenir pour les jeunes alors que le projet initial misait sur le double. Le PS voulait également recruter en cinq ans 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires. François Hollande a revu cette ambition à la baisse avec 5 000 postes supplémentaires pour les forces de l’ordre.
La crise et l’assèchement des finances publiques françaises expliquent probablement l’abandon des grands chantiers de construction, notamment de chemin de fer, qui dans le texte du Parti socialiste devait permettre de développer les “dessertes de proximité” et de mieux connecter les villes au réseau européen.
Présidentielle française 2012