
Hôpitaux publics fonctionnant au ralenti, médecins, infirmiers, chirurgiens et fournisseurs à l'arrêt... Face à l'effondrement du système de santé du pays, les syndicats hospitaliers ont lancé un vaste mouvement de grève.
Les hôpitaux publics grecs fonctionnent au service minimum. Lancé à l’origine par les médecins hospitaliers, le mouvement a gagné les infirmiers, les chirurgiens et même les fournisseurs. Au cœur des revendications : le manque de moyens et de personnels, et plus récemment la rupture d'approvisionnement en matériels de soins à la suite de non-paiements.
"On ne peut pas continuer de fournir sans être payés, affirme Panagiotis Stavrolemos, le président des fournisseurs des hôpitaux publics. "Nos propres fournisseurs ne nous approvisionnent plus. Cela fait quatre ans qu'on attend d'être payés. Les dettes de l'Etat envers l'ensemble des fournisseurs s'élèvent à 1,5 milliard d'euros. C'est impossible de survivre avec cet arriéré."
Interventions chirurgicales annulées
Sans compresses, ni seringues, ni médicaments, les interventions chirurgicales sont toutes retardées et parfois annulées. Les médecins craignent une dégradation très rapide de la situation, comme Stathis Tsoukalos, le président des médecins hospitaliers de Grèce. "Toutes les branches du secteur de la santé sont en colère. L'Etat doit de l'argent à tout le monde. Sans matériel, sans personnel et sans dormir, on ne peut pas travailler. On va vers le chaos", s’inquiète-t-il.
Cette dette s'élèverait, selon les experts, à plus de 4 milliards d’euros. Dimitri Avramopoulos, le ministre de la Santé, invoque la crise économique mondiale. Mais l'opinion publique dénonce un système corrompu et défaillant. En cas d'urgence, les Grecs se tournent vers le secteur privé. Mais si la prise en charge est immédiate, les tarifs sont très sélectifs.
L'opposition au gouvernement conservateur appelle à une reforme complète du système avec plus de moyens et transparence. "57% des dépenses globales de santé vont pour le secteur privé, s’indigne Thanassis Leventis, un député de la coalition de gauche Syriza. Comparés aux autres pays européens, la part des financements attribués à la santé est très faible dans le budget national. Le gouvernement ne peut plus s'en tenir à des promesses en l'air pour sortir de l'impasse."