Alors que les recherches se poursuivent pour retrouver des survivants dans l’épave du Concordia, les autorités italiennes cherchent à tout prix à éviter une marée noire. La France a d’ores et déjà proposé son aide.
Alors que les recherches de survivants se poursuivent après le naufrage du Costa Concordia vendredi 13 janvier près de l’île italienne du Giglio, la préfecture maritime de la Méditerranée a envoyé à Bastia, en Corse, un navire d’aide pour parer à une éventuelle pollution pétrolière.
Contactée par téléphone par France24, Magali Chaillou, porte-parole adjointe du préfet
de la mer, insiste sur le fait qu’il ne s’agit pour l’heure que de « mesures de précaution ».
« Du matériel a été envoyé à bord du Bâtiment de Soutien et d’Assistance à la Dépollution «Jason» à Bastia dans le but de se rapprocher de l’île du Giglio », explique-t-elle. « Il s’agit d’être prêt à intervenir rapidement au cas où les autorités italiennes demanderaient de l’aide », poursuit-elle.
Les moyens envoyés sont principalement des outils de pompage, d’aspiration et d’isolation.
Tout dépend de l’état de la mer et des vents
La menace de fuite de fioul plane sur l’immense navire échoué dont les réservoirs contiennent au moins 2380 tonnes de carburant. Après le sauvetage des vies humaines, la priorité pour les autorités italiennes est d’éviter une catastrophe écologique.
Le sort du navire dépend néanmoins fortement de l’état de la mer et de la force des vents, facteurs qui relèvent de l’impondérable. C’est pourquoi le pompage des réservoirs du Concordia risque de se transformer en course contre la montre. « Il ne faut pas tarder car on ne peut pas présager du temps qu’il fera ou des courants dans les jours à venir », s’inquiète Gilbert Le Lann. D’autant que si le navire s’enfonce davantage, les techniciens ne pourront plus y circuler sans danger.
Christian Buchet, directeur du Centre d’étude sur la mer de l’Institut Catholique de Paris, ajoute que la double-coque du bateau, louée pour son étanchéité durant les premières heures suivant la catastrophe, n’évitera pas les fuites car c’est latéralement que le navire a été touché. Il a cependant bon espoir. « Même s’il y a une réelle menace de marée noire si le bateau coule, rien ne présage cela et au vu des moyens mis en œuvre, cela va pouvoir être évité », a-t-il estimé.
Le pompage des réservoirs pourrait durer plusieurs semaines
Chargée du pompage des réservoirs, la société néerlandaise Smit Salvage a indiqué qu’il faudrait plusieurs semaines pour évacuer toute la quantité de mazout. "Il faudra entre trois et six semaines (pour tout vider) en fonction des conditions météo", a indiqué aux médias le directeur des opérations de pompage, le Néerlandais Kees Van Essen.
Gilbert Le Lann, directeur du Centre de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (CEDRE), estime que « ce délai est tout à fait plausible ». Interrogé par France 24, il remarque que « lors du naufrage du Rena au large des côtes de Nouvelle Zélande le 5 octobre 2011, les opérations de pompage ont duré quelques semaines également et les deux navires ont des carburants similaires ».
Ces opérations de pompage risquent cependant de ne pas être aisées, notamment en raison de la nature du fioul « épais et gluant, donc difficile à pomper » selon Gilbert Le Lann, qui explique qu’il faudra le chauffer pour pouvoir l’évacuer plus facilement. La manœuvre risque d’être d’autant plus difficile qu’elle nécessite que le navire soit le plus stable possible ; or de très légers mouvements de l’épave ont pour l’heure retarder les recherches et empêché le début du pompage.
Le bilan du sinistre atteint pour le moment 11 morts, dont six ont été identifiés.
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