logo

Le premier ministre hongrois s'est engagé à modifier les législations qui lui valent trois procédures d'infraction au droit de l'UE. L'enjeu est énorme pour la Hongrie, au bord de la banqueroute.

AFP - Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a tenté mercredi de calmer le jeu en promettant de changer des lois controversées dans son pays, sans convaincre de nombreux députés européens qui l'accusent d'agir comme Hugo Chavez ou Fidel Castro.

Devant le Parlement européen, il s'est engagé à "modifier" les législations qui lui valent trois procédures d'infraction au droit de l'UE lancées par Bruxelles, qui s'inquiète de l'indépendance de la banque centrale, des juges et de l'autorité hongroise de protection des données.

Le gouvernement hongrois a un mois pour modifier ces textes faute de poursuites, et M. Orban, descendu mercredi dans l'arène du Parlement à Strasbourg pour s'en expliquer, a assuré que "les problèmes pourraient facilement et rapidement être résolus".

Il a cherché à ramener les contentieux à des points juridiques et techniques pour échapper aux critiques de ses détracteurs qui l'accusent de remettre en cause la démocratie dans son pays.

L'enjeu est aussi économique pour l'Etat hongrois, au bord de la banqueroute, qui cherche à obtenir de l'UE et du Fonds monétaire international un crédit de 15 à 20 milliards d'euros. Bruxelles considère l'indépendance de la Banque centrale comme une condition à son octroi.

Il est aussi politique.

"J'appelle instamment les autorités hongroises à respecter les principes de démocratie et de liberté et à les mettre en oeuvre en pratique dans ce pays", a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, sous les applaudissements des députés.

Ses services ont lancé une enquête sur l'indépendance de la justice et la commissaire en charge des nouveaux médias Neelie Kroes, en parallèle, vient d'écrire au gouvernement hongrois pour exprimer sa "préoccupation" concernant la liberté et le pluralisme des médias en Hongrie.

Alors que M. Orban assure qu'il était nécessaire de renouveler la constitution "communiste" dont s'était doté son pays en 1949, le coprésident des Verts, Daniel Cohn-Bendit a estimé qu'il allait ce faisant "dans la direction de MM. Chavez, Castro, et de tous les régimes totalitaires et autoritaires de ce bas monde".

it

"Les minorités ont le droit de ne pas avoir peur dans votre pays, M. Orban", a-t-il ajouté, "l'Union européenne n'est pas un paillasson sur lequel on s'essuie les pieds, mais c'est une maison commune que l'on construit ensemble".

Le président du groupe libéral-démocrate, le Belge Guy Verhofstadt, a lui aussi estimé que M. Orban était "sur le mauvais chemin", appelant le Parlement à enquêter pour conclure "si oui ou non il y a un clair risque de violation des valeurs" démocratiques de l'UE en Hongrie. Ce qui ouvrirait la porte à des sanctions politiques très lourdes: la suspension des droits de vote du pays dans l'UE.

La démarche est soutenue par l'extrême gauche, les Verts, et également "envisagée" par les socialistes, dont le chef de file, le social-démocrate autrichien Hannes Swoboda, a estimé que la Hongrie de M. Orban n'aurait "pas été admise" dans l'Union européenne si elle avait posé sa candidature aujourd'hui.

M. Orban, qui dénonce un complot de la "gauche internationale", a pu compter en revanche sur le soutien de son camp politique conservateur. Le chef du groupe du Parti Populaire européen (PPE), dont fait partie le Fidesz de Viktor Orban, Joseph Daul, qui s'est dit "sûr" que M. Orban "nous prouvera que lui aussi souscrit à ces principes et à ces valeurs" de l'UE.

Un déclenchement de la procédure de sanctions pour violation des valeurs européennes est une question "ouverte", a estimé de son côté le président du Parlement, Martin Schulz, en relevant qu'il y avait, même au sein du PPE, "différentes opinions" à ce sujet.

Mais elle requiert le soutien des 26 autres dirigeants européens. Majoritairement membres comme M. Orban du même Parti Populaire européen (PPE), ces derniers sont embarrassés ou hésitants.

Si le Danemark, qui préside l'UE, juge "la situation très sérieuse" en Hongrie, le Premier ministre polonais Donald Tusk s'est dit mercredi prêt à soutenir Budapest face à des réactions politiques "exagérées".