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Le PDG de Costa Croisières impute le naufrage à une erreur humaine

Le patron de Costa Croisières, dont le navire Costa Concordia a fait naufrage au large de la Toscane, estime que le commandant du paquebot, en détention depuis samedi, est le premier responsable d'un accident "exceptionnel et imprévisible".

REUTERS - Le P-DG de la compagnie Costa Croisières, dont le paquebot Costa Concordia a fait naufrage vendredi soir au large de la Toscane faisant au moins six morts, a imputé lundi l'accident à une "erreur humaine." 

Les recherches ont repris lundi après-midi

Les recherches d'éventuels survivants et des corps des disparus du naufrage du Costa Concordia, près d'une île italienne, ont repris lundi peu avant 14H30 GMT grâce à une amélioration des conditions météorologiques, a annoncé un porte-parole des pompiers à l'AFP.

"Nous avons repris les opérations après avoir vérifié que le navire s'est stabilisé", a déclaré Luca Cari, en soulignant que le vent est tombé, qu'il ne pleut plus et que la mer est nettement moins agitée.

Plus de quarante-huit heures après l'accident, les équipes de secours ont dû suspendre pour des raisons de sécurité les opérations de recherche à l'intérieur du navire de croisière de 290 mètres à demi-immergé. 

"Il y a eu un glissement (du paquebot) de neuf centimètres verticalement et d'1,5 centimètre horizontalement. Nous avons immédiatement évacué les lieux. C'est quelque chose que nous edoutions", a dit Luca Cari, porte-parole des sapeurs pompiers.

"Les opérations ont été suspendues. Nous devons surveiller la stabilité du paquebot et nous ne savons pas quand nous pourrons reprendre les opérations." 

L'accident, survenu vendredi près de l'île du Giglio, a fait au moins six morts, dont deux touristes français, et plus de 60 blessés selon un bilan provisoire. Un sixième corps a été
retrouvé lundi matin, selon la télévision italienne. Quatorze personnes sont toujours portées disparues.

Selon le Quai d'Orsay qui s'appuie sur le manifeste de bord du paquebot, 462 ressortissants français se trouvaient à bord du Costa Concordia au moment de l'accident.

"Nous déplorons le décès de deux de nos ressortissants. Deux autres sont légèrement blessés. Nous sommes sans nouvelles de quatre passagers français pour lesquels le centre de crise poursuit les vérifications en liaison avec les familles", a déclaré lundi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

"EVENEMENT EXCEPTIONNEL"

Lors d'une conférence de presse à Gênes, le P-DG de Costa Croisières a invoqué "une erreur humaine".

"La compagnie va se rapprocher du capitaine et va lui fournir toute l'assistance nécessaire mais nous devons reconnaître les faits et nous ne pouvons nier une erreur humaine", a déclaré Pier Luigi Foschi, au bord des larmes. 

Le commandant du navire, Francesco Schettino, a été arrêté samedi. Il est accusé d'homocides involontaires multiples et d'abandon du navire avant que la totalité des 4.200 passagers et membres d'équipage aient été évacués.

"La compagnie désavoue un tel comportement qui a provoqué l'accident en décidant de détourner le paquebot de sa route idéale", a ajouté Foschi. "Ces navires sont ultra sécurisés. C'est un évènement exceptionnel qui était imprévisible", a-t-il ajouté.    

Costa Croisières avait indiqué dimanche que le commandant semblait avoir commis "de graves erreurs de jugement" et avait conduit le paquebot trop près du rivage, où il a heurté un rocher qui a ouvert une large brèche dans la coque.

Trois personnes - un couple de Sud-Coréens en lune de miel et un membre d'équipage - ont été secourues dimanche, et des plongeurs de la police ont retrouvé les corps de deux personnes âgées, qui portaient encore leurs gilets de sauvetage.

Les enquêteurs analysent l'équivalent des "boîtes noires" qui étaient embarquées dans le navire, pour tenter d'établir la séquence exacte des événements à l'origine de l'accident,
survenu vendredi à l'heure du dîner, par une mer calme et un temps clair.

Le cargo contient 2.300 tonnes de pétrole mais aucune fuite n'a été jusqu'à présent détectée, a indiqué Pier Luigi Foshi.

FRANCAIS DE RETOUR A MARSEILLE

Le ministre italien de la Défense Giampaolo Di Paola, qui a rang d'amiral, a estimé que l'accident ne semblait pas avoir été causé par des facteurs naturels ou techniques.

"A mon avis, il y a eu une erreur humaine grave, qui a eu des conséquences dramatiques et tragiques", a-t-il dit à la télévision publique italienne, la RAI.

Pour les opérateurs du paquebot, Schettino semble ne pas avoir respecté les procédures d'urgence habituelles.

"L'itinéraire suivi par le navire était trop rapproché de la côte, et il semble que les décisions (prises par Schettino) n'ont pas été conformes aux procédures d'urgence en vigueur chez Costa Crociere", a indiqué la compagnie de navigation.

Le procureur Francesco Verusio a déclaré que le navire s'était approché à seulement 150 mètres du rivage, ce qui est, a-t-il ajouté, "incroyablement proche". Il n'a pas exclu que l'enquête mette en cause d'autres personnes que le commandant "pour cette manoeuvre dangereuse".      

Le parquet accuse le commandant de bord, qui travaille pour Costa Crociere depuis 2002 et a été promu à ce grade en 2006, d'avoir quitté le navire avant la fin de l'évacuation. Selon les gardes-côtes, il a refusé de retourner à bord du navire quand cela lui a été demandé.

Schettino a affirmé à la télévision italienne que le rocher heurté par le navire ne figurait pas sur les cartes marines et n'avait pas été détecté par les systèmes de bord. Selon lui, l'accident s'est produit à 300 mètres du rivage.

Dimanche soir, 385 passagers français du paquebot sont arrivés à Marseille en autocar. Le ministère français des Affaires étrangères dit être encore sans nouvelles de 21 Français mais pense que la plupart sont rentrés en France par leurs propres moyens. Plus de 462 Français se trouvaient à bord du navire.

Carnival, l'entreprise propriétaire du paquebot, a déclaré lundi que l'impact de cet accident sur son bénéfice 2012 serait d'environ 90 millions de dollars (71 millions d'euros)