En visite officielle en Espagne, le chef de l'État français doit rencontrer le président du gouvernement espagnol dans un contexte politique dominé par les derniers rebondissements de la crise des dettes souveraines dans la zone euro.
AFP - Le président français Nicolas Sarkozy effectuait lundi à Madrid un déplacement centré sur la crise de la dette dans la zone euro alors que la France et l'Espagne, frappées par le chômage et de sombres perspectives de croissance, viennent de voir leur note dégradée.
Avant de s'entretenir dans l'après-midi avec le nouveau chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, Nicolas Sarkozy a été fait chevalier de l'ordre de la Toison d'Or, l'une des plus anciennes distinctions au monde (XVè siècle) par le roi Juan Carlos.
Le président français en a profité pour rappeler la collaboration entre Paris et Madrid dans la lutte contre "le terrorisme de l'ETA", l'organisation séparatiste basque, tenue pour responsable de la mort de 829 personnes, essentiellement en Espagne, mais aussi de policiers en France.
"Ceux qui ont tué en Espagne doivent rendre des comptes, ceux qui ont tué en France rendront des comptes et les arrestations d'il y a quelques jours dans mon pays sont là pour en témoigner", a affirmé M. Sarkozy.
Le président faisait allusion au membre présumé de l'ETA, interpellé samedi en Bourgogne (centre de la France) et qui est soupçonné d'avoir appartenu au commando qui avait tué un policier français en 2010 lors d'un contrôle ayant mal tourné en région parisienne.
Avec M. Rajoy, M. Sarkozy devait essentiellement parler de la crise de la dette dans la zone euro, qui touche durement la France et l'Espagne même si c'est à des degrés divers.
"Sans aucun doute, l'Union européenne, la gouvernance européenne et la modification des traités seront un élément central" de ces deux rencontres, avait déclaré vendredi la porte-parole du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria.
Mariano Rajoy, qui a pris ses fonctions le 21 décembre après sept ans de gouvernement socialiste, espère nouer des alliances avec les principaux dirigeants conservateurs européens au moment où la crise de la dette rebondit dans la zone euro.
La note des deux pays vient en effet d'être dégradée par l'agence de notation américaine Standard and Poor's, la France d'un cran, perdant la meilleure note AAA et l'Espagne de deux crans.
L'Espagne, l'un des pays les plus vulnérables des dix-sept membres de la zone euro, avec un taux de chômage record de 21,52%, est menacée de récession. La France a elle un taux de chômage de 9,3%, le plus haut depuis douze ans, avec une croissance atone.
Néanmoins, le président Sarkozy s'est voulu combatif, à deux semaines du prochain sommet européen de Bruxelles. "L'Espagne et la France ont beaucoup à faire pour que l'Europe sorte des crises à répétition qu'elle connaît depuis trois ans", a-t-il affirmé, devant le roi, Mariano Rajoy et ses trois prédécesseurs José Luis Rodriguez Zapatero, José Maria Aznar et Felipe Gonzalez.
Pour sa part, le souverain espagnol a assuré que l'Espagne et la France "lutt(ai)ent ensemble pour le progrès d'une Europe unie, prospère et solidaire, qui affronte la crise avec résolution".
Le président français est le premier hôte étranger reçu à Madrid par Mariano Rajoy, qui prévoit aussi de rendre visite à la chancelière allemande le 26 janvier à Berlin.
Un autre rendez-vous européen est fixé à mardi, avec la visite à Madrid du président du Conseil européen, Herman van Rompuy.
Pour sa part, le président français devrait rencontrer à Rome en février le Premier ministre italien Mario Monti, avec Angela Merkel.