Alors que les négociations entre le LKP, le patronat et le gouvernement se poursuivent en Guadeloupe, la Martinique connaît une nuit d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre.
AFP - Les négociations ont repris mercredi en Guadeloupe, toujours enfoncée dans la grève, entre le LKP, le patronat et l'Etat qui a proposé un "revenu supplémentaire temporaire d'activité" en réponse au montage mis sur la table par le collectif intersyndical.
Initialement, les discussions devaient reprendre à 11H00 (16H00 à Paris) mais finalement le rendez-vous a été fixé à 15H00. Selon Elie Domota, figure de proue du LKP, l'Etat avait demandé un délai afin de peaufiner les nouvelles mesures qu'il comptait soumettre aux partenaires sociaux.
Juste avant le début de la réunion, Matignon a ainsi proposé un Revenu supplémentaire temporaire d'activité (RSTA) avec 80 euros mis par l'Etat jusqu'"à l'horizon 2011" avant un retour au revenu de solidarité active (RSA).
A cela viendrait s'ajouter un "bonus" des entreprises de 50 à 90 euros exonérées de toutes charges salariales et patronales et enfin une participation autour de 50 euros des conseils général et régional pour arriver "à peu près" aux 200 euros réclamés par le LKP depuis le début du conflit.
45.000 salariés gagnant jusqu'à 1,4 fois le Smic seraient concernés indépendamment de leur situation familiale.
Pour ceux qui ont un salaire supérieur à 1,4 Smic et qui auraient dû bénéficier du RSA, soit environ 1.000 à 2.000 salariés, l'Etat garde une "petite enveloppe".
L'exécutif, qui redoute une extension des revendications à la métropole, ne veut pas entendre parler d'une exonération de la CSG et de la CRDS, servant au financement de la sécurité sociale. Une proposition a été faite en ce sens par l'UCEG, l'Union des chefs d'entreprises guadeloupéens (UCEG), organisation patronale proche de l'intersyndicale.
Dans un entretien au Parisien, Yves Jégo se dit prêt à retourner en Guadeloupe "dès que nécessaire". En retrait depuis son retour de l'île, il conserve la confiance de Nicolas Sarkozy, a confié l'Elysée.
L'Elysée juge que M. Jégo a bien travaillé sur le fond de son dossier, mais qu'il a commis une erreur en disant qu'il ne partirait de Guadeloupe qu'une fois la crise finie.
La Présidence admet aussi une mésentente entre M. Jégo et le Premier ministre François Fillon qui l'avait convoqué à Paris en pleine crise. Il apparaît toutefois exclu, au moins dans l'immédiat, que l'Elysée réclame la démission du secrétaire d'Etat.
La nuit a été "extrêmement calme", selon la préfecture mais quelques barrages sauvages se forment ici et là, mettant en danger les automobilistes.
A la différence des jours précédents, aucune station-service n'a été réquisitionnée, ce mercredi des Cendres étant un jour férié en Guadeloupe.
Les festivités du carnaval ont été annulées dans les principales communes de l'île, mais l'effigie carnavalesque du roi Vaval devait quand même être brûlée mercredi soir à Pointe-à-Pitre.
En Martinique, où la mobilisation dure depuis trois semaines, une vingtaine de petits magasins et deux moyennes surfaces ont été pillés et vandalisés mardi soir à Fort-de-France alors que les négociations sur la hausse des salaires ont été suspendues mercredi vers 03H00 pour reprendre jeudi. Plusieurs voitures ont également été incendiées.
M. Jégo a assuré qu'il y aurait "des mesures prises par la ministre de l'Intérieur (Michèle Alliot-Marie) pour que "ces violences soient jugulées".
Le député-maire de Fort-de-France Serge Letchimy -Parti Progressiste Martiniquais (PPM)- a estimé que la situation était "très difficile et très complexe", ajoutant que l'Etat n'avait pas pris "la mesure" de la crise.