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"Les gadgets technologiques font toujours rêver les consommateurs"

Si l'économie américaine tourne au ralenti, l'électronique grand public, elle, ne connaît pas la crise. Steve Koenig, analyste en chef du secteur pour le CES de Las Vegas, en décode les enjeux économiques.

Le Consumer electronic show (CES) a enregistré en 2012 une affluence record de plus de 140 000 professionnels venus à Las Vegas faire leurs emplettes technologiques et connaître les tendances du secteur. Ce succès, le salon le doit à la croissance actuelle de l'électronique grand public qui est la bonne élève des Etats-Unis.

En 2011, cette industrie a, en effet, progressé de 8% alors que l'économie américaine n'a cru que d'un peu plus de 2%. Steve Koenig, directeur des analyses pour la Consumer electronic association (CEA) qui organise le salon de Las Vegas, explique à France 24 pourquoi les nouvelles technologies échappent à la déprime économique actuelle et quels sont les enjeux pour les acteurs du secteur.

Comment expliquez-vous que les consommateurs américains aient, malgré la crise actuelle, dépensé plus de 500 dollars en produits technologiques en 2011 ?

Steve Koenig : Les Américains votent aussi avec leurs dollars. Il est vrai qu'une partie d'entre eux a moins d'argent qu'avant mais ils font le choix d'en dépenser une partie en produits high-tech car cela continue à les faire rêver. Il ne faut pas non plus oublier que les nouvelles technologies se sont introduites dans tous les domaines de la vie et qu'ils jugent que ces produits sont devenus essentiels à leur quotidien.

Mais est-ce qu'il n'est pas indécent, vu le contexte économique actuel, de voir les constructeurs promouvoir autant les ultrabooks, ces mini-ordinateurs qui coûtent plus de 800 dollars ?

S.K. : Nous sommes au début de l'ère des ultrabooks et les constructeurs comme Lenovo ou Toshiba font le même pari qu'Apple à la sortie de l'iPad : positionner leurs nouveaux produits sur le segment du haut de gamme. Ils s'adressent clairement aux plus enthousiastes des consommateurs qui, de toutes façons, veulent acquérir le dernier gadget à la mode à n'importe quel prix. Est-ce que ces "early-adopters" (consommateurs de la première heure) peuvent se le permettre dans le contexte actuel ? Une partie d'entre eux sûrement.

Mais une évolution est certaine : il y aura les prochaines années non pas 30 à 50 ultrabooks au CES mais bien plus et à des prix beaucoup plus attractifs. C'est ce qui s'est passé avec les tablettes tactiles. L'iPad s'est très bien vendu à plus de 600 dollars et, deux ans plus tard, Amazon vend des millions de Kindle Fire (la nouvelle tablette du géant de la vente en ligne ndlr) à moins de 200 dollars.

Vous évoquiez Apple, le grand absent du CES depuis plus de dix ans. Au vu de l'influence sur le marché de l'inventeur des iPhones, le CES n'est-il pas en train de devenir un salon de seconds couteaux ?  

S.K. : Dans une industrie, il y a toujours un leader et des suiveurs. Pour l'instant, Apple fait la pluie et le beau temps mais cet état de fait est appelé à changer un jour ou l'autre et nous verrons bien si votre question sera toujours d'actualité dans quelques années.

Pour que cela change, ne faudrait-il pas que les concurrents d'Apple fassent autre chose que simplement essayer de copier ou tenter d'améliorer les produits de la marque à la pomme ?

S.K. : Copier n'interdit pas d'innover. Certaines marques, comme Samsung ou LG, chassent certes sur les terres d'Apple, mais ils ne sont pas seulement des suiveurs. Ils investissent également dans des domaines comme la télé connectée qui commence, cette année, grâce à des vrais contenus intéractifs spécifiquement pensés pour la télévision, à devenir intéressante. C'est pour cela, d'ailleurs, que le CES demeure aussi important car il permet de se rendre compte de la diversité des tendances du secteur.