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Xavier Niel, le Steve Jobs made in France

Le PDG de Free, Xavier Niel, a dévoilé mardi 10 janvier son offre mobile lors d'un grand show à l'américaine. Une mise en scène qui ressemble à s'y méprendre à celles qu'affectionnait feu Steve Jobs, l'emblématique patron d'Apple.

Compte à rebours. La fusée décolle sur grand écran. La conférence de presse a tout du stand up. Xavier Niel monte sur scène. Chemise blanche, allure décontractée, cheveux mi-long tirés en arrière et micro serre-tête ajusté, le patron de Free est prêt pour le grand show. Les journalistes sont venus nombreux, impatients de découvrir l’offre mobile de Free qui était attendue depuis des mois. Une communication-spectacle savamment orchestrée qui n’est pas sans rappeler celle de la célèbre marque à la pomme…

Il a free, il a tout appris… de Steve Jobs !

Free en chiffres

- 1991 : création d’Iliad
- 1999 : création de Free, filiale d’Iliad
- 4,8 millions d’abonnés
- 840 salariés
- 15,99 euros : 1er prix de l’offre illimitée
- 3e réseau privé en termes de couverture nationale
- 4,5 millions d’abonnés
- 2 milliards de chiffre d’affaires pour le groupe Iliad/Free

Xavier Niel ne se contente pas de mimer la décontraction de Steve Jobs à ses présentations, il en imite également le marketing. Hasard du calendrier ou ironie de l’histoire, Xavier Niel présente sa nouvelle offre Free le jour de l’ouverture du salon CES à Las Vegas, où tous les geeks de la planète, en quête de nouveautés high-tech, se sont donnés rendez-vous. Une façon de rappeler à la sphère française 2.0 qui tient les rênes du pouvoir. Curieuse coïncidence, Steve Jobs, au temps de son tout premier iPhone, en avait fait autant le 9 janvier 2007 pendant le salon CES de la même année.

Mais la stratégie du trublion de la téléphonie ne s’arrête pas là. Le lancement de Free Mobile arrive après des mois de vraies rumeurs et de fausses fuites. Une communication ludique toute en sourdine que Steve Jobs n’aurait pas reniée. Il y a quelques semaines, le PDG de Free brise le silence qui entoure sa nouvelle offre sans pour autant mettre fin au mystère. En envoyant ce tweet "les sanglots longs des violons de l'automne bercent mon cœur d'une langueur monotone", Xavier Niel joue avec les mots de Verlaine et les nerfs des internautes. Fini l’époque des peep-shows et du minitel rose de ses débuts professionnels, l’homme entend entrer dans l’Histoire en reprenant à son compte pour son événement ce vers prononcé lors du débarquement allié du 6 juin 1944.

La concurrence au cœur du système

Steve Jobs livrait autrefois bataille aux géants IBM et Microsoft. Le combattant français, lui, veut casser la triple hégémonie qui règne sans partage sur le paysage de la téléphonie française. Dans l’œil du viseur, Orange, SFR et Bouygues qu’il entend évincer à grand renfort de publicité. Free rend la marque sympathique et innove comme…Apple. Le fournisseur d’accès à Internet s’emploie dans un premier temps à dégrouper la téléphonie en 2004, propose l’offre triple play fin 2003 et développe la Freebox. De plus en plus performante, le design soigné de la Freebox Révolution s’inscrit dans l’idéal cher à Steve Jobs qui souhaitait des objets aussi fonctionnels qu’esthétiques. Une révolution informatique que Steve Jobs a su incarner tout au long de sa vie jusqu’à sa mort en octobre 2011, laissant des millions de fans éplorés.

Xavier Niel, un Steve Jobs à la française, la réputation sulfureuse en plus. Condamné à deux ans de prison avec sursis et 250 000 euros d'amende pour des détournements de fonds dans des sex-shops, il reste encore du travail au patron français pour faire oublier le ver dans la pomme. Et si Free entre dans le palmarès des grandes fortunes en se plaçant au 8e rang français, l’entreprise reste tout de même au 297e rang mondial. Pas de doute, la petite fusée française a encore du chemin à parcourir avant de s'offrir la lune.