Les dépouilles criblées de balles de dix soldats pakistanais, portés disparus depuis le 21 décembre, ont été retrouvées dimanche à Dabori dans le nord-ouest du pays. Enlevés lors de combats, ils ont été tués par des rebelles taliban.
AFP - Les corps de dix soldats pakistanais tués par des rebelles talibans ont été découverts dans le nord-ouest du Pakistan, bastion de la rébellion, ont annoncé lundi des responsables de sécurité locaux.
Les soldats étaient portés disparus depuis le 21 décembre et un affrontement avec les rebelles dans l'Orakzai, l'une des sept zones tribales situées le long de la frontière afghane, selon ces sources.
Les corps criblés de balles de ces soldats, qui avaient été enlevés lors des combats, ont été retrouvés dimanche à Dabori, un village d'Orakzai, ont précisé à l'AFP un responsable de l'armée et un responsable des services de sécurité locaux sous couvert de l'anonymat.
Le 21 décembre, "une centaine de rebelles lourdement armées avaient attaqué un poste militaire où se trouvaient 23 soldats", a expliqué le responsable des services de sécurité, ajoutant: "Les rebelles avaient tué 13 soldats et avaient pris avec eux les dix autres, ceux dont on a retrouvé les corps".
La semaine dernière, les corps également criblés de balles de 15 paramilitaires avaient été retrouvés dans un autre district tribal, le Waziristan du Nord, principal repaire du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), qui avait revendiqué ces enlèvements et ces meurtres.
Le TTP avait indiqué avoir agi en représailles des opérations menées contre eux par les forces de sécurité dans la région.
Les zones tribales du nord-ouest sont le bastion des talibans pakistanais, un sanctuaire de leurs alliés d'Al-Qaïda et une importante base arrière des talibans afghans.
Les talibans pakistanais, qui ont fait allégeance à Al-Qaïda, ont décrété le jihad à Islamabad à l'été 2007 pour son soutien à Washington. Depuis, ils sont à l'origine de plus de 500 attentats --suicide pour la plupart-- qui ont tué plus de 4.700 personnes dans tout le pays.
En 2009, les talibans avaient conquis du terrain dans le nord-ouest, parvenant même à une centaine de km de la capitale Islamabad, semant un vent de panique chez ses alliés occidentaux très inquiets de voir l'arsenal nucléaire pakistanais tomber un jour aux mains des rebelles.
Mais selon des sources concordantes, le TTP a été largement affaibli ces dernières années par les offensives de l'armée pakistanaise et les centaines de tirs de drones américains sur les zones tribales.
Le nombre d'attaques rebelles a de plus baissé en 2011, nourrissant des rumeurs de négociations de paix entre le TTP et l'armée.
Si certains commandants du TTP ont indiqué récemment avoir entamé des telles discussions, le porte-parole du mouvement, une nébuleuse de groupes armés très éclatée, a officiellement démenti toute négociation.
Selon des sources concordantes, au moins une partie du TTP est ouverte aux négociations avec Islamabad et une part croissante de ses combattants passe la frontière pour aller renforcer les talibans afghans en lutte contre la force de l'Otan, menée par les Etats-Unis, et le gouvernement de Kaboul.