logo

Taxé de nationalisme et de populisme, le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban fait fi des critiques et mène sa "rénovation" du pays, malgré une crise économique persistante et un isolement diplomatique croissant.

L’inflexible Viktor Orban, chef du gouvernement conservateur hongrois depuis 2010, impose à son pays et à l’Europe un style autoritaire et des politiques aux relents populistes. Disposant d’une majorité des deux tiers au Parlement, il gouverne sans partage sur une Hongrie où ses adversaires l’ont affublé du surnom de "Viktator".

Né en 1963 dans un petit village à l’ouest de Budapest, il se destine très jeune à la politique. Son premier coup d’éclat date de juin 1989, lorsque, jeune avocat, il demande le départ des troupes de Moscou et la tenue d’élections libres dans son pays, encore sous la domination du bloc soviétique.

Un goût de la liberté qui semble s’être dissipé avec la fin de la guerre froide. Huit ans plus tard, quand il est nommé Premier ministre, à tout juste 35 ans, il a déjà opéré une droitisation radicale du parti conservateur Fidesz, qu’il dirige depuis 1993.

Ce premier passage au pouvoir, à la tête d’une coalition de centre-droit, voit l’entrée de la Hongrie au sein de l’Otan et une baisse notable de l’inflation.

Des scandales de corruption et des divisions internes l’empêchent toutefois d’exercer un deuxième mandat, le cantonnant, à partir de 2002, à un rôle d’opposant.

Le retour aux affaires

Son retour en grâce intervient en 2010, quand le Fidesz et ses alliés chrétiens démocrates s’adjugent la majorité absolue aux législatives. Les mains libres, il élabore une politique ultraconservatrice dans plusieurs domaines : économie, médias, religion...

Après avoir mis la justice aux ordres et placé des proches aux poste-clés de l’État, Orban et son gouvernement légifèrent à tout-va : peine de prison pour les sans-abri, mise en place d’un impôt sur le revenu à taux unique - qui privilégie les plus riches -, incarcération à perpétuité pour les crimes violents sans remise de peine possible, mainmise sur les médias…

Dernier acte de 18 mois de réformes administratives menées à toute vitesse : une nouvelle Constitution est élaborée et votée par le Parlement. Un texte qui fait référence à Dieu et omet de qualifier la Hongrie de "République".

Revenir sur cette réforme constitutionnelle ne sera pas chose aisée pour l’opposition, à laquelle il faudra réunir les deux tiers des voix au Parlement. Un scénario rendu quasi impossible par une savante réforme électorale, mise en place par Orban.

L’opposition a beau dénoncer "la dérive autoritaire du gouvernement", Orban reste populaire auprès des Hongrois - en attestent les sondages d’opinion.

L’Europe gênée par la Hongrie d’Orban

Face au cas Orban, l’Europe demeure très discrète et n’a toujours pas délivré de condamnation officielle. Bruxelles pourrait toutefois utiliser l’article 7 du Traité de l’Union, qui prévoit des sanctions en cas de violation des valeurs démocratiques des 27. Un scénario auquel avait déjà eu recours l’UE, avec peu de succès, lorsque le gouvernement autrichien avait accepté la présence, en son sein, du parti d'extrême droite de Jörg Haider.

Le levier d’action pour l’Europe et la communauté internationale pourrait surtout être d'ordre monétaire. En pleine crise économique, Budapest n'est plus en mesure de se financer sur les marchés obligataires à des taux supportables et doit faire appel à la BCE et au FMI.

Ces deux institutions pourraient faire pression pour que le gouvernement revienne sur certaines de ses réformes - notamment celle de la Banque centrale du pays, menée unilatéralement et qui menace l’indépendance de l'institution.

Mais pour l’heure, Orban continue de rénover la Hongrie à sa manière. Les menaces occidentales restent, jusqu’à présent, sans effet sur celui qui envisage désormais de se tourner vers la Russie afin de bâtir une nouvelle alliance.