
Le candidat PS à la présidentielle française, François Hollande, tente de donner une nouvelle impulsion à sa campagne en se montrant plus critique à l'égard de la politique du chef de l'État. Il a confirmé l'annonce de son projet à la fin du mois.
AFP - A un peu plus de 100 jours du premier tour, le candidat PS à la présidentielle François Hollande donne un coup d'accélérateur à sa campagne et sonne l'offensive contre le bilan de Nicolas Sarkozy, suscitant sarcasmes de l'UMP et doutes chez les écologistes.
Dans une "lettre aux Français" qui occupe mardi la Une de Libération et ses deux premières pages intérieures, le candidat affirme que le quinquennat de M. Sarkozy aura été "la présidence de la parole, et lui, le président des privilèges". "Voilà la page que je veux tourner" ajoute-t-il, lançant le slogan: "Le changement, c'est maintenant".
Il critique "un président sortant incapable de trouver une issue à la crise de la zone euro", "impuissant face à la montée du chômage" ou encore "indifférent au creusement des inégalités".
Selon M. Hollande, Nicolas Sarkozy, "au sommet de l'Etat depuis 5 ans" porte "la responsabilité personnelle" de la situation de la France aujourd'hui "abaissée, affaiblie, abîmée et +dégradée+".
Et de lancer à trois mois et demi du 1er tour de la présidentielle : "Comme en 1981, comme en 1958, ce qui est en jeu dans cette élection (...): c'est l'indispensable redressement de la Nation."
Pour cela, il se fixe quatre principes: "vérité", "volonté", "justice" et "espérance".
Invité au journal télévisé de France 2, M. Hollande, qui n'entend ni se laisser "détourner" ni "impressionner par M. Sarkozy", a annoncé qu'il présenterait "un projet" pour la présidentielle fin janvier.
La lettre publiée dans Libération a été saluée dans son camp, comme un passage à l'offensive. Il "donne le ton, le +la+ de l'année", a affirmé son directeur de campagne Pierre Moscovici.
Il "sonne le rassemblement", a renchéri le député de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, et pour Stéphane Le Foll, responsable l'organisation de la campagne, "c'est maintenant que la phase décisive s'engage".
Beaucoup moins enthousiaste, la responsable écologiste Cécile Duflot a vu dans la lettre de M. Hollande "beaucoup de formules" qui la "frustrent un peu". Attendant qu'on "débatte des solutions", la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts s'est aussi étonnée d'"une publication en tête d'un journal", une "forme un peu surprenante".
Le candidat du MoDem, François Bayrou, a dénoncé "une opération de com'" et "du techno-politico-bla-bla".
L'UMP et le gouvernement ont focalisé leurs critiques sur l'absence de propositions. Jean-François Copé a ainsi estimé que M. Hollande incarnait "la couardise en politique" en refusant "d'abattre ses cartes".
"C'est le candidat du vent, de la parole, des grands mots", a affirmé Valérie Pécresse, porte-parole du gouvernement.
Pour Bruno Le Roux, porte-parole de M. Hollande, "la vigueur des critiques montre que François Hollande a fait quelque chose qui place sa campagne sur une dimension de président de la République", a-t-il commenté auprès de l'AFP. M. Copé "est dans l'escalade verbale précisément parce que le texte de Hollande présente un contenu politique fort, clair et précis", a estimé Delphine Batho, autre porte-parole.
Sur le terrain, le député de Corrèze va multiplier dans les prochaines semaines déplacements et meetings alors que le chef de l'Etat s'est lancé dans le marathon des voeux avec à la clé un vaste tour de France.
M. Hollande sera mercredi à Mérignac (Gironde), jeudi à Caen, samedi à Tulle (Corrèze), dimanche à Jarnac (Charente) pour l'anniversaire de la mort de l'ex-président François Mitterrand. Le 22 janvier, de retour des Antilles et de Guyane, il tiendra au Bourget le premier des sept grands meetings qui doivent rythmer sa campagne.