Ce mardi débute dans l'Iowa la première étape de la longue course à l'investiture républicaine pour la présidentielle américaine. L'ultra-libéral Ron Paul et l’ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney (photo) sont au coude-à-coude.
Après des mois d’intenses débats, les primaires républicaines s’apprêtent à entrer dans le vif du sujet. Ce mardi 3 janvier, s’ouvre dans l’Iowa la première étape du processus électoral, qui vise à désigner le candidat républicain pour affronter l'actuel locataire de la Maison Blanche Barack Obama lors de la présidentielle américaine de novembre.
À l'heure du vote dans cet État du Middle West majoritairement rural, l’ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney et le député texan à la Chambre des représentants Ron Paul font figure de favoris du scrutin.
Reste pour les candidats qu'une victoire dans l’Iowa ne préjuge pas du résultat final. En 2008 par exemple, John McCain avait terminé en quatrième position avant d’être investi quelques mois plus tard. Toutefois, le caucus dans l’Iowa donne généralement le ton des primaires : les candidats mal placés à l'issue du vote ont tendance à se retirer de la course tandis que le gagnant tire souvent profit de sa victoire jusqu’à la convention d’investiture – comme ce fut le cas pour Barack Obama en 2008.
Romney, l’incontournable ?
Cette année pourtant, les spécialistes relativisent la portée du caucus dans l'Iowa, prédisant la victoire de Mitt Romney à la primaire républicaine malgré le manque d’enthousiasme des électeurs républicains pour cet ancien chef d’entreprise. “Depuis le début, Romney apparaît comme le seul candidat plausible pour affronter Barack Obama et lui succéder à la Maison Blanche. Et cela n’a fait que se confirmer au fil des mois”, estime ainsi Thomas Mann, analyste politique à la Brookings Institution basé à Washington interrogé par France24.com. “Il devrait faire un bon score dans l'Iowa et aussi tirer son épingle du jeu dans le New Hampshire pour être investi comme le candidat républicain."
Mitt Romney n’a en effet pas commis les mêmes erreurs que lors de sa précédente campagne. En 2008, il avait dépensé beaucoup de temps et d’argent dans l’Iowa pour au final perdre l’État au profit de Mike Huckabee. Cette fois-ci, il n’a pas tout misé sur le premier caucus, ce qui peut d’ailleurs expliquer pourquoi le libertaire Ron Paul et l’ancien sénateur de Pennsylvannie Rick Santorum ont le vent en poupe dans cet État, sans pour autant percer dans les sondages au niveau national.
“Les positions libertaires de Ron Paul concernant la consommation de drogue, le droit des homosexuels ou encore les dépenses militaires sont tout simplement inconcevables pour la majeure partie des républicains, commente Larry Sabato, directeur du centre de politique à l’Université de Virginie pour France24.com. De son côté, Santorum a beau être plus à droite que Romney dans le courant républicain, il ne dispose pas assez de moyens."
À noter que d’autres candidats ont eu les faveurs de la base républicaine, à l’image du gouverneur Newt Gingrich, ancien porte-parole de la Chambre des représentants, du Texan Rick Perry et de la députée Michele Bachmann, très populaire au sein du Tea Party. Mais leur percée dans les sondages n’a duré qu’un temps.
Barack Obama profite de la course républicaine
3 janvier - Caucus de l’Iowa.
10 janvier - Primaire du New Hampshire.
21 janvier - Primaire en Caroline du Sud.
31 janvier - Primaire en Floride.
4 février - Caucus au Nevada et dans le Maine.
6 mars - "Super Tuesday", plus de dix primaires, notamment dans le Massachusetts, au Texas et en Virginie. Si la course est toujours serrée (comme ce fut le cas en 2008 pour les démocrates entre Barack Obama et Hillary Clinton), la période des primaires continue.
3 avril - Primaires dans le Maryland, le Wisconsin et à Washington DC.
24 avril - Primaires dans cinq États, dont celui de New York et en Pennsylvanie.
5 juin - Primaires dans cinq États, dont la Californie (170 délégués).
Conscient de son statut de favori, Romney ne s’est donc pas époumoné à attaquer ses rivaux républicains, préférant concentrer ses critiques sur Barack Obama. “Le candidat de l’espoir et du changement est parti”, a déclaré la semaine dernière Romney à une foule de 300 partisans lors d’un discours dans l’Iowa. “À la place, le président en campagne divise les Américains, s’engage dans la guerre des classes et a recours à la démagogie.”
Pour l’heure, Barack Obama profite de la course à l'investiture républicaine, marquée par l’abandon d’Herman Cain, des piteuses performances de Rick Perry lors des débats ou encore de l'absence de leader incontesté dans les sondages. Plombé par une économie en berne, le président américain continue pourtant de faire la course en tête à l’échelle nationale - contre tous les potentiels candidats à l’investiture républicaine.
Si Romney est investi à la candidature républicaine, la course à la présidentielle devrait s’avérer très serrée, selon les spécialistes. “Je donnerai un léger avantage à Obama pour son bilan honorable, conjugué aux mauvais sondages du parti républicain et à leurs positions idéologiques extrémistes ainsi qu’à l’économie américaine, assure Thomas Mann. Mais si les signes de reprise économique sont suivies par de mauvaises nouvelles, comme en 2009 et 2010, la course entre les deux candidats se jouera alors à pile ou face.”