Une cérémonie funéraire en mémoire des 44 victimes civiles et militaires des attentats qui ont touché la capitale syrienne vendredi a eu lieu samedi dans la mosquée des Omeyyades. Des milliers de personnes favorables au régime y ont pris part.
AFP - Des milliers de personnes ont participé samedi aux funérailles des 44 personnes tuées la veille dans des attentats suicide à Damas, où la délégation de la Ligue arabe a rencontré le chef de la diplomatie syrienne, une rencontre qualifiée de "positive" par les autorités syriennes.
Les Frères musulmans, un mouvement d'opposition, ont accusé le régime d'être derrière les attentats et de vouloir leur faire porter la responsabilité de ces attaques. Les autorités syriennes y avaient vu pour leur part "la main d'Al-Qaïda".
Et la répression s'est poursuivie: 20 civils ont été tués samedi à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Des milliers de personnes ont participé à la cérémonie funéraire à la mosquée des Omeyyades, dans la vieille ville de Damas, au lendemain de ces attaques sans précédent depuis le début de la contestation mi-mars contre le régime du président Bachar al-Assad. Visant des bâtiments de la sécurité, elles ont fait également plus de 150 blessés.
A l'extérieur de la mosquée, une foule brandissait des portraits de M. Assad et des bannières du parti Baas, au pouvoir dans ce pays.
Le ministre des Biens religieux, Abdel Sattar al-Sayyed, a lu dans la mosquée un communiqué commun publié par des dignitaires religieux chrétiens et musulmans.
Ces derniers ont dénoncé "les attentats criminels perpétrés vendredi (...) ainsi que les assassinats, les destructions et le sabotage commis (dans le cadre) d'un complot dangereux ourdi contre la Syrie", et ont appelé la Ligue arabe et l'ONU à "assumer leur responsabilité".
Dans le même temps, une rencontre a eu lieu entre une délégation conduite par Samir Seif al-Yazal, adjoint du secrétaire général de la Ligue arabe, et le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem.
"La réunion samedi matin avec le ministre Walid Mouallem, qui a porté sur les besoins de la mission, a été positive", a affirmé à l'AFP Jihad Makdissi, porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères.
M. Yazal était arrivé jeudi à Damas pour préparer la mission des observateurs arabes, qui sont attendus lundi dans la capitale syrienne. Selon lui, ces observateurs seront "plus de 50 experts arabes dans différents domaines, notamment politique, droits de l'Homme, militaire".
Dans un communiqué au Caire, le chef de l'organisation panarabe, Nabil al-Arabi, a dénoncé les attentats de Damas, tout en promettant: de "tels actes criminels n'empêcheront pas la mission des observateurs de la Ligue arabe de mener à bien sa tâche".
La Turquie, qui a coupé les ponts avec Damas, son ancien allié, pour protester contre la répression, a également condamné ces attentats. "La Turquie est contre le terrorisme quelle que soit sa source ou sa raison et elle considère que les attaques à Damas hier s'inscrivent dans ce cadre et les condamne", a écrit le ministère turc des Affaires étrangères.
Alors que l'opposition considère la venue des observateurs arabes comme une manoeuvre dilatoire du régime, les Frères musulmans ont accusé samedi Damas d'avoir "mis en scène" les attentats de la veille "afin de détourner l'attention (des observateurs arabes) des manifestations hebdomadaires".
Ils l'ont en outre accusé d'avoir "fabriqué de toute pièce" un autre communiqué revendiquant les attaques au nom des Frères.
Il s'agit d'une "page fabriquée de toute pièce en notre nom sur internet", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la confrérie, Zouhair Salem, réagissant à ce communiqué mis en ligne sur un site internet se présentant comme étant celui des Frères en Syrie.
Vendredi, le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d'opposition dont la confrérie fait partie, avait déjà imputé au régime la "responsabilité directe" des attentats, y voyant "un message de mise en garde aux observateurs arabes, pour qu'ils ne s'approchent pas des centres de sécurité".
L'OSDH a exhorté samedi l'équipe de la Ligue arabe à se rendre "immédiatement" à Homs, haut lieu de la contestation, après la mort samedi de quatre civils "portant des traces de torture".
Vingt personnes au total ont été tuées samedi par les forces de sécurité, dont huit à Homs (centre) et trois à Deraa (sud), selon l'OSDH.
Selon une estimation de l'ONU, la répression en Syrie a fait au moins 5.000 morts depuis la mi-mars.