
Il y a seize ans, le 19 octobre 1995, le corps du magistrat français Bernard Borrel était retrouvé à demi carbonisé à Djibouti. Retour sur les dates clés d'une affaire sensible, aujourd'hui dans une impasse judiciaire.
1995 :
19 octobre : Le corps de Bernard Borrel, magistrat français détaché comme conseiller du ministre djiboutien de la Justice, est découvert à demi carbonisé dans la région du Goubet, à 80 km de Djibouti-ville.
2 novembre : L'enquête djiboutienne conclut à un suicide.
Décembre : Ouverture d'une information judiciaire à Toulouse pour ''recherches des causes de la mort''.
1996 :
6 février : Les faits sont requalifiés en assassinat par la justice française
15 février : Une autopsie, pratiquée à Toulouse, révèle que le juge était mort lorsque son corps a été brûlé.
1997 :
8 juillet : Une étude médico-légale française privée conteste le rapport d'autopsie de Toulouse affirmant que ce dernier est "truffé d’erreurs et de contradictions".
31 octobre : L'instruction est confiée au tribunal de Paris.
1999 :
Décembre : Un ancien membre de la garde présidentielle, Mohamed Saleh Alhoumekani, affirme avoir entendu, le jour de la mort du juge, cinq hommes déclarer à l'actuel président Ismaël Omar Guelleh, alors directeur de cabinet, que le ''juge fouineur est mort'' et qu'''il n'y a pas de trace''. Le magistrat Borrel enquêtait, notamment, sur l’attentat du Café de Paris (en 1990), un lieu de rendez-vous de nombreux Français à Djibouti. L’explosion avait fait un mort et 11 blessés.
2000 :
Mars : Reconstitution à Djibouti par la justice française. Un rapport médico-légal français conclut au suicide.
2002 :
Juin : Deuxième exhumation du corps. Les expertises françaises jugeront en novembre le suicide ''peu plausible''.
2004 :
29 mars : Le ministère de la Défense transmet à la justice douze notes de la DGSE. L'une d'elles, datée du 21 janvier 2000, fait état de deux témoignages affirmant que l'entourage du président Guelleh a ordonné l'assassinat.
20 octobre : La justice de Djibouti réclame la communication du dossier français. Refus le 8 février 2005.
2005 :
17 mai : La justice française convoque vainement comme témoin le président Guelleh.
2006 :
28 juin : Des empreintes génétiques qui pourraient appartenir aux assassins du juge Borrel, ont été découvertes sur le short du magistrat, annonce l'avocat d’Élisabeth Borrel.
1er octobre : Émission de mandats d'arrêt contre le procureur de la République de Djibouti Djama Souleiman et le chef des services secrets djiboutiens, Hassan Saïd, pour une éventuelle ''subornation de témoins''.
19 octobre : Émission de mandats d'arrêt visant Awalleh Guelleh et Hamouda Hassan Adouani, tous deux repris de justice soupçonnés d'être les exécutants, afin de comparer leur ADN aux empreintes génétiques trouvées sur le short du juge.
2007 :
14 février : Le juge d'instruction demande à entendre comme témoin le président Ismail Omar Guelleh qui doit participer au sommet Afrique-France à Cannes, le 16. Protégé par son immunité présidentielle, l’homme ne se présente pas.
2011 :
Décembre : Un militaire français, en poste à l'époque à Djibouti au sein d'une unité chargée des écoutes, affirme que l'armée française a été informée de l'assassinat du juge, via des écoutes de la police djiboutienne, peu après son décès.