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Les maisons de vente aux enchères ont réalisé une bonne année 2011. Mais le secteur n’est pas hermétique aux crises économiques et 2012 s'annonce plus difficile.
Ils font partie des rares privilégiés qui vont garder un bon souvenir économique de 2011. Les grandes maisons de ventes aux enchères d’œuvres d’art, tels Sotheby’s ou Christie’s, ont connu une année “record”, selon le rapport publié le 20 décembre par Artprice, l’un des principaux cabinets d’étude de ce marché.
Sur les six premiers mois de l’année, les ventes d’œuvres d’art organisées en Europe, en Asie ou aux États-Unis ont généré un chiffre d’affaires de 6,3 milliards de dollars selon ce rapport. Du jamais vu. En France aussi, les professionnels du secteur ont de quoi se réjouir : Sotheby’s a ainsi gagné dans l’Hexagone 190 millions d’euros, un montant que la maison n’avait pas atteint depuis dix ans. Son homologue française, Artcurial, a réalisé, quant à elle, l’année la plus lucrative de son histoire (127 millions d’euros).
2011 “scelle définivitement le statut de l’art comme valeur refuge à l’abri des crises”, jugent les auteurs du rapport. “L'économie aujourd'hui ne nous gêne pas trop. Au contraire, elle nous aide peut-être", a expliqué Francis Briest, co-président d'Artcurial, lors de l’annonce de ces résultats. Selon lui, “il suffit qu'il y ait un détournement d'un petit peu d'argent de la Bourse", pour doper le marché des ventes aux enchères.
Un secteur dopé par la Chine et la Russie
Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Juste après la faillite de la banque américaine d’investissement Lehman Brothers, en septembre 2008, les prix de vente d'art avaient chuté de 35 % en six mois. Idem après l’éclatement de la bulle immobilière en 1991. Les ventes aux enchères avaient même été suspendues pendant plusieurs mois.
Aux États-Unis, la bonne santé des maisons de ventes aux enchères a même attiré l’attention du mouvement de contestation “Occupy Wall Street” (les indignés de Wall Street). Le 10 novembre dernier à New York, alors que Sothesby’s réalisait une vente record de 61,7 millions de dollars pour une toile du peintre contemporain Clyfford Still, une centaine de manifestants défilaient pour protester contre le déballage d’argent de ces ventes aux enchères.
Mais cette fois-ci, l'art semble pouvoir compter sur les nouveaux riches des pays émergents, comme la Russie ou la Chine, désireux de mettre leur fortune à l’abri des soubresauts de la Bourse. Ainsi, en novembre dernier à New York, les plus gros acheteurs d’une vente du peintre Gerhard Richter, selon l’hebdomadaire britannique The Economist, n'étaient autres que deux magnats russes. Pour le journal spécialisé américain The Art newspaper, ce glissement vers l’Est et l’Asie des acquéreurs d’œuvres d’art est frappant cette année.
Reste que cette résistance à la crise pourrait n’être qu’un trompe-l’œil. Le secteur a, en effet, toujours été en forme lorsque le marasme n’était que financier. En 1987, des toiles de Van Gogh s'étaient ainsi vendues plus de 50 millions de dollars, quelques semaines seulement après le “lundi noir” qui, le 19 octobre, avait vu Wall Street perdre 30 % de sa valeur en une journée.
La situation de ce marché risque de changer radicalement lorsque la crise, pour l'instant surtout financière et boursière, débordera davantage sur l'économie réelle. “Les ventes du deuxième semestre 2011, à quelques exceptions près, ont été plus difficiles”, reconnaît à l’AFP Guillaume Cerutti, le président de Sotheby’s France. Des prémices de crispation qui n’augurent rien de bon pour 2012, année où l’Europe et probablement les États-Unis devraient entrer en récession.