
Après plusieurs semaines de mobilisation contre la vie chère, les syndicats mahorais ont fini par trouver un accord avec le patronat. Le texte prévoit notamment une réduction des prix sur 11 produits de première nécessité.
AFP - L'intersyndicale et le patronat de Mayotte ont signé mardi soir un "accord de fin de conflit", au lendemain de la reprise du mouvement de lutte contre la vie chère, qui avait été suspendu début novembre, a-t-on appris de sources concordantes.
Le 101e département français aura connu au total 46 jours de grève, qui ont fragilisé une économie déjà balbutiante.
La ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard "s'est félicitée" de l'accord, dans une déclaration à l'AFP, rappelant qu'elle était "toujours au travail pour Mayotte et les Mahorais sur deux chantiers très importants: le plan de relance de l'économie et celui de la départementalisation" autrement dit la mise en oeuvre des prestations sociales.
Lors des six semaines de blocage de fin septembre à début novembre, des manifestations ont été émaillées de violences au cours desquelles un homme est mort.
L'intersyndicale (CGT Ma, Cisma-CFDT, CFE-CGC) et des associations de consommateurs ont donc fini par trouver un accord avec le patronat pour trouver des solutions à la cherté de la vie sur cette petite île de l'Océan indien.
Dans l'accord dont l'AFP a obtenu une copie, "les entreprises du secteur de la grande distribution, de vente de sable et de gaz acceptent de réduire les prix de 11 produits de première nécessité".
Ces derniers avaient cristallisé la contestation populaire: ailes et cuisses de poulet, riz, viande de boeuf congelée, farine, huile végétale et de palme, boite de tomate, lait, sardines, bouteille de gaz domestique, sable de construction.
"L'Etat s'engage pour accompagner ces baisses à apporter un soutien au pouvoir d'achat des familles modestes dans l'attente du premier versement du RSA", qui doit intervenir en mars 2012, par le biais de bons d'achats (50 euros par foyer) et des aides à l'acquisition d'une résidence principale, notamment.
"Dans cette même perspective, l'Etat s'engage à assurer la sécurité du commerce régulier", une des revendications de l'intersydincale.
"Tous les signataires s'unissent pour appeler à une reprise rapide de l'activité économique", ajoute le préambule de l'accord.
Après la mobilisation massive d'octobre, l'intersyndicale et les associations avaient eu du mal à remobiliser depuis lundi. Signe notable: les barrages sauvages --qui avaient empêché tout déplacement en octobre et novembre -- n'avaient pas refait leur apparition mardi. Commerces et services administratifs fonctionnaient normalement.
"Ce protocole de ce 20 décembre intervient à la demande de nos syndicats et il est conforme à notre plateforme revendicative", s'est réjoui auprès de l'AFP Ansoir Abdou, leader du Collectif des Citoyens perdus.
"Le protocole que nous venons de signer n'a rien à voir avec +le protocole Denis Robin+, ni avec le protocole signé le 17 octobre dernier entre le syndicat FO et le patronat", qui avait permis la baisse immédiate dans les supermarchés de plusieurs prix de denrées courantes, a-t-il insisté.
L'intersyndicale avait surpris le 10 novembre en refusant de signer un protocole d'accord, sous l'égide d'un médiateur du gouvernement et ancien préfet de l'île Denis Robin, après avoir annoncé la veille qu'elle en approuvait les termes.