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La grève dans les aéroports ouvre la voie à un débat politique

Au cinquième jour de grève dans certains aéroports, un débat politique s'installe sur la mise en place d'un service minimum dans le secteur aérien. Par ailleurs, les forces de l'ordre pourraient se substituer aux agents de sécurité grévistes.

REUTERS - Le bras de fer se poursuit entre le gouvernement, qui hausse le ton, et les agents de sécurité dont la grève perturbe depuis cinq jours certains des aéroports les plus actifs de France au moment des vacances de fin d'année.

Le conflit est devenu le prétexte à un affrontement politique droite-gauche, l'opposition socialiste reprochant au gouvernement d'en profiter pour relancer le débat sur la mise en
place d'un service minimum dans le secteur aérien.

Une proposition de loi visant à instaurer un service minimum dans le transport aérien comme pour les trains sera examinée par les députés le 24 janvier, a annoncé le président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer.

La ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a nommé lundi soir deux médiateurs pour tenter de dénouer le conflit tout en assurant qu'il n'était pas question de "laisser les Français pris en otage" pendant les fêtes.

Les forces de l'ordre se substitueront aux agents grévistes si besoin est, a annoncé mardi le ministère de l'Intérieur.

"L'objectif est qu'aucun passager ne soit bloqué et que la sécurité des vols soit par ailleurs parfaitement assurée", a déclaré le porte-parole du ministère, Pierre-Henry Brandet.

Les représentants des grévistes qui ont continué à manifester dans plusieurs aéroports ont aussitôt dénoncé un ultimatum et des "tentatives de réquisition des salariés."

Le gouvernement durcit le ton

Dans les aéroports de Lyon-Saint-Exupéry et au terminal 2 de Paris-Charles-de-Gaulle, où la grève est la plus suivie, la situation était mardi en amélioration sensible grâce à la
mobilisation de personnels complémentaires.

A Lyon, aucune annulation de vols n'a été enregistrée dans la matinée et les vols sont partis avec 15 à 40 minutes de retard, selon la direction qui pensait assurer la totalité du
trafic prévu dans la journée.

A Roissy, les principaux retards restaient concentrés au terminal 2 avec un temps d'attente moyen de 30 minutes, voire 45 sur certains postes de contrôle, selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

La situation s'est également améliorée à l'aéroport de Toulouse-Blagnac où le retard moyen des vols est tombé à 9 minutes, contre 12 la veille, selon la direction.

Les syndicats avaient prévu une extension du mouvement aux aéroports de Nice et de Mulhouse, mais aucune perturbation n'était signalée dans la matinée dans la première ville.

Les syndicats des sociétés de sûreté des aéroports, qui emploient environ 10.000 personnes, demandent des hausses de salaires et l'amélioration des conditions de travail.

Parallèlement à la nomination de deux médiateurs, le gouvernement a musclé ses propos.

"Nous voulons que cette grève cesse. Nous voulons que cesse cette prise d'otages des usagers qui partent en vacances", a dit la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, sur LCI.

"Nous avons une matinée de dialogue que nous espérons fructueuse, il faut que la grève se termine", a ajouté la ministre du Budget.

Elle a confirmé que le gouvernement était favorable à la proposition de loi du député UMP Eric Diard visant à imposer aux salariés du secteur du transport aérien de déclarer toute grève au moins deux jours à l'avance.

Nathalie Kosciusko-Morizet, qui est aussi chargée des transports, avait déclaré lundi qu'elle réévaluerait la situation mardi à la mi-journée et étudierait "toutes les solutions" en cas d'échec des discussions.

Un préavis de grève existe déjà, dit la CGT

Dans un communiqué, la CGT a répliqué que la profession était déjà soumise à un "préavis de grève au minimum de 7 jours". Elle met en garde le gouvernement contre "l'envoi des forces de police contre les grévistes".

La première secrétaire du PS a déploré que le gouvernement ne réagisse que lorsque le conflit bat son plein.

"Le service minimum, la droite en parle toujours en plein moment de crise", a déclaré Martine Aubry sur RTL.

"Ce n'est pas au moment où les Français vont partir en vacances - et on peut comprendre leur exaspération - qu'il faut s'inquiéter du fait que les salariés de ces entreprises privées
de sécurité soient dans la précarité et de mauvaises conditions de travail", a-t-elle ajouté.

Pour le député socialiste Pierre Moscovici, directeur de campagne du candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, "l'absence de dialogue social" est en cause.

"Cette grève n'aurait pas dû avoir lieu", a-t-il déclaré sur France Info. "François Hollande, au cours de sa campagne électorale, insistera sur la démocratie sociale."