Jeudi, Moscou a proposé un projet de résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU. Le texte condamne la violence perpétrée "par toutes les parties, y compris l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes".
AFP - La Russie a surpris la communauté internationale en dévoilant jeudi un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie, alors que sur le terrain, après neuf mois de troubles, de nouvelles violences ont fait au moins 27 morts.
La Russie, qui était opposée jusqu'à maintenant à toute résolution condamnant la répression de la révolte contre le régime Assad, a présenté un texte condamnant la violence perpétrée "par toutes les parties, y compris l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes".
Vingt-sept soldats syriens ont été tués par des déserteurs de l’armée jeudi dans la province de Deraa (sud), ce qui constitue l’attaque la plus meurtrière pour les forces du président Bachar al Assad depuis mars.
Selon l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme, les combats ont eu lieu à l’aube au coeur même de la ville de Deraa, berceau de la contestation populaire contre le régime, et à un barrage routier établi à Mousaïfrah, 25 km à l’est.
Les quinze soldats et membres des forces de sécurité qui se trouvaient à ce checkpoint auraient tous été tués, a dit Rami Abdelrahman, de l’Observatoire basé à Londres.
Le groupe ne précise pas comment ces affrontements ont éclaté, mais le bilan élevé dans les rangs des forces de sécurité suggère qu’il s’agit d’attaques coordonnées par les rebelles, dont les opérations contre des cibles militaires se sont accentuées ces dernières semaines.
Selon des militants, les forces d’Assad ont ratissé les rues des banlieues de l’est de Damas jeudi à l’aube à la recherche de déserteurs et tentant de briser la "grève pour la dignité" de l’opposition. (Reuters)
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a indiqué que les Etats-Unis étaient prêts à travailler avec la Russie sur son projet, tout en précisant que le texte contient en l'état "des éléments que nous ne pourrions pas soutenir", comme "l'apparente parité" entre les forces de l'ordre et l'opposition.
L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, a salué "un événement extraordinaire, puisque la Russie a enfin décidé de sortir de son inaction". "Le texte qui nous est présenté mérite évidemment beaucoup d’amendements car il est déséquilibré. Mais c’est un texte sur la base duquel nous allons négocier", a-t-il dit à la presse.
Sur le terrain, de nouvelles violences ont opposé les forces syriennes aux déserteurs faisant au moins 27 morts du côté des forces du régime dans la province de Deraa (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Les militants pro-démocratie ont appelé sur Facebook à de nouvelles manifestations vendredi, alors que la contestation est entrée jeudi dans son 10e mois, le régime se montrant indifférent à la multiplication des pressions.
Avant l'annonce du projet de résolution russe, le ministre des Affaires étrangères français Alain Juppé a fait part de son exaspération face à la répression.
"Près de 5.000 morts, 3 millions de Syriens affectés par la répression sanglante, d'innombrables exactions et crimes contre l'humanité quotidiens: combien de victimes faudra-il encore pour que le monde comprenne que Bachar al-Assad doit partir?", a-t-il dit lors d'une visite en Libye.
La France a en outre demandé à la Syrie de "respecter l'intégrité et la souveraineté territoriale du Liban", après une incursion d'une patrouille syrienne dans ce pays, qui a fait deux blessés.
A Strasbourg, le Parlement européen a appelé M. Assad à "abandonner immédiatement le pouvoir" et à mettre fin à sa répression "brutale". Dans une résolution, le Parlement réclame également des sanctions supplémentaires de l'Union européenne.
Le régime d'Assad "a usé pendant les neuf derniers mois de tous les moyens violents possibles pour tenter de réprimer la Révolution, perpétrant des crimes contre l'humanité contre des vieillards et des enfants", ont accusé les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent les manifestations sur le terrain.
Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition en Syrie, a appelé de nouveau la communauté internationale à protéger la population civile "par tous les moyens". Son premier congrès général se tiendra du 16 au 18 décembre à Tunis.
Un groupe d'opposants syriens affirmant représenter la majorité des mouvements d'opposition en territoire syrien a annoncé jeudi à Istanbul la création d'une "Alliance nationale" des forces révolutionnaires pour renverser le régime, précisant qu'il avait été accepté au sein du CNS.