
Sans surprise, l’islamiste Hamadi Jebali a été nommé au poste de Premier ministre ce mercredi. Quelques heures après sa nomination, cet opposant à l’ex-président Ben Ali a accepté de répondre aux questions de FRANCE 24.
Ce mercredi, le numéro deux du parti islamiste Ennahda, Hamadi Jebali, a été officiellement chargé de former un gouvernement par le président fraîchement élu, Moncef Marzouki. Il dispose désormais d’un délai de 21 jours pour constituer son équipe et la soumettre au chef de l'État.
L’arrivée de l’actuel secrétaire général d’Ennahda - qui a passé quinze ans dans les geôles de Ben Ali pour son "appartenance à un parti illégal" - n’est pas une grande surprise. Sa nomination à la tête de l'exécutif avait été annoncée dès le lendemain des élections du 23 octobre, remportées par son parti.
Interviewé par FRANCE 24, le nouvel homme fort de Tunis, qui passe pour être l'un des visages modérés d'Ennahda, tient un discours rassurant, répétant à l'envi que son parti s’engagera dans un processus démocratique.
Il y a récemment eu des manifestations en Tunisie pour protester contre les risques de remise en cause des droits de la femme. Les Tunisiennes doivent-elles s’inquiéter d’une restriction de leurs libertés ?
Hamadi Jebali : Il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Je peux vous garantir que le mouvement Ennahda sera à l’avant-garde de la lutte pour garantir aux femmes leurs droits dans tous les domaines : politiques, sociaux et professionnels. Les partis membres de la coalition gouvernementale [qui comprend Ennahda, Ettakatol et le Congrès pour la République (CPR), ndlr] vont confirmer par voie constitutionnelle et par voie législative tous les droits de la femme.
L'ancien président Ben Ali - qui a trouvé refuge en Arabie saoudite - est actuellement jugé par contumace en Tunisie. Ne craignez-vous pas de vous brouiller avec Riyad en réclamant son extradition ?
H.J. : C’est une affaire qui est du ressort de la justice. Nous ne voulons pas nuire à nos relations avec l’Arabie saoudite. Il ne faut pas mélanger le processus judiciaire et diplomatique. Il y a d’un côté une action en justice en cours contre l’ancien président, de l’autre la recherche de nouveaux rapports amicaux avec nos frères saoudiens.
Les victimes de la période Ben Ali seront-elles indemnisées ?
H.J : Il s’agit de l'un des dossiers que nous allons traiter en priorité. Il concerne les victimes de l’ancien régime, et bien évidemment les martyrs et blessés de la révolution. Nous allons créer une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur tous les actes de tortures et de répression qui ont été commis. La révolution doit rendre la monnaie de leur pièce aux personnes qui ont sacrifié leur vie, leur santé et leur famille pour le pays.