
Selon des sources de la coalition, Ennahda, parti islamiste de R. Ghannouchi (photo), détiendra deux portefeuilles-clés au gouvernement. Le ministère de l’Intérieur devrait revenir à Ali Larayedh et celui des Affaires étrangères à Rafik Abdesslem.
REUTERS - Le parti islamiste modéré Ennahda, vainqueur des élections en Tunisie, détiendra les portefeuilles de l’Intérieur et des Affaires étrangères dans le gouvernement, a-t-on appris mardi auprès de deux sources de la coalition.
Le ministère de l’Intérieur devrait revenir à Ali Larayedh, un ancien prisonnier politique, et le chef de la diplomatie sera probablement Rafik Abdesslem, analyste de la chaîne de télévision qatarie Al Djazira et membre d’Ennahda.
Rafik Abdesslem est marié à l’une des filles de Rachid Ghannouchi, chef de file de Ennahda.
Le ministre des Finances sera issu, lui, du parti social-démocrate Ettakatol, membre de la coalition tripartite dirigée par Ennahda (Renaissance), a-t-on ajouté.
L’ancien opposant et ex-détenu politique Moncef Marzouki, du Congrès pour la République (CPR), troisième parti de la coalition, a été élu lundi chef de l’Etat par la nouvelle Assemblée constituante.
L’émotion de Marzouki
Le nouveau président, qui a prêté serment mardi, a déclaré que, comme prévu, il nommerait mercredi Hamadi Jebali, secrétaire général de Ennahda, au poste de Premier ministre.
Celui-ci devrait annoncer la composition de son gouvernement dans les jours à venir.
De mêmes sources, on indique que le ministre sortant de la Défense, Abdelkrim Zbidi, sera reconduit dans ses fonctions. Nommé à cette fonction peu après la fuite du président Zine ben Ali le 14 janvier dernier, il jouit d’un large respect dans la population pour avoir maintenu l’ordre depuis lors, tout en se tenant à l’écart du débat politique.
En outre, Samir Dilou devrait devenir ministre des Droits de l’Homme, un tout nouveau portefeuille, tandis que celui de la Justice reviendrait à un autre responsable de Ennahda, Nourdine Bhiri, actuel porte-parole de la formation islamiste.
Mohamed Abbou, l’un des dirigeants du CPR, deviendra ministre de la Réforme administrative, dit-on de mêmes sources. Avocat, Mohamed Abbou a connu les prisons de Ben Ali en raison de son opposition au régime.
Moncef Marzouki conservera le poste de chef d’Etat pendant un an, le temps qu’une nouvelle Constitution soit rédigée et que de nouvelles élections aient lieu.
Des larmes d’émotion lui sont venues lors de la cérémonie d’investiture, mardi, en présence des membres de l’Assemblée constituante, élus le 23 octobre.
C’est vêtu du traditionnel burnous qu’un peu plus tard, au cours d’une autre cérémonie, il a officiellement pris la succession de Fouad Mebazza à la tête de l’Etat.