"C'est émouvant de voir notre drapeau hissé [...] au milieu des drapeaux des autres États", s'est félicité Mahmoud Abbas ce mardi midi au siège de l'Unesco à Paris. Le président palestinien s'est ensuite entretenu avec Nicolas Sarkozy à l'Élysée.
REUTERS - Mahmoud Abbas a hissé symboliquement mardi le drapeau de la Palestine devant le siège parisien de l'Unesco, première étape d'une stratégie visant à obtenir la reconnaissance la plus large possible d'un Etat palestinien encore virtuel, en l'absence de progrès dans les négociations avec Israël.
Le président de l'Autorité palestinienne s'est entretenu mardi soir de cette stratégie avec Nicolas Sarkozy, avant de rencontrer le candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2012 en France, François Hollande.
La Palestine est devenue le 31 octobre le 195e membre de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), avec le soutien de la France, ce qui a suscité la colère des Etats-Unis et d'Israël.
Les Etats-Unis ont suspendu leur subvention de 65 millions de dollars, qui représente 22% du budget de l'Unesco.
Mahmoud Abbas, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bukova, et une cinquantaine de personnalités ont assisté mardi à la mi-journée, sous la pluie et dans le vent, à la cérémonie de levée des couleurs de la Palestine.
Après avoir écouté l'hymne palestinien, le dirigeant de l'Autorité palestinienne a émis le souhait que la présence de ce drapeau marque le début d'une reconnaissance internationale.
"C'est émouvant de voir notre drapeau hissé, dans cette belle ville de Paris, au milieu des drapeaux des autres Etats", a-t-il déclaré. "C'est de bon augure pour que la Palestine devienne membre d'autres institutions internationales."
L'Unesco est la première organisation des Nations unies à avoir octroyé à la Palestine le statut de membre à part entière.
Un Etat "observateur" ?
Face au blocage des négociations de paix avec Israël, qui achoppent notamment sur la poursuite de la politique d'implantation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, Mahmoud Abbas s'efforce d'obtenir la reconnaissance la plus large possible d'un Etat palestinien.
"Si Israël est sérieux à propos de la paix, pourquoi Israël continue à construire sur le territoire de Cisjordanie ?" a-t-il fait valoir à l'issue de son entretien avec Nicolas Sarkozy.
Il demande un vote du Conseil de sécurité de l'Onu reconnaissant un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Cette démarche est rejetée par Israël et Washington, pour lesquels seul un traité de paix en bonne et due forme peut conduire à la création d'un tel Etat universellement reconnu, et n'a aucune chance d'aboutir en raison du veto américain.
Selon une source diplomatique française, le président palestinien n'en attend pas moins de voir si la nouvelle composition du Conseil de sécurité, à partir du 1er janvier, sera plus favorable, avec, notamment, l'entrée du Maroc, du Pakistan et de l'Azerbaïdjan.
Nicolas Sarkozy plaide pour sa part pour une étape intermédiaire : un vote de l'Assemblée générale de l'Onu donnant à la Palestine le statut d'"Etat observateur".
Des émissaires du Quartet, qui réunit l'Union européenne, les Etats-unis, la Russie et les Nations unies, sont attendus mercredi à Jérusalem pour voir séparément les deux parties et tenter de relancer les négociations.
Le Quartet a donné à Israël et aux Palestiniens jusqu'au 26 janvier pour exposer leur vision de la question des frontières et de la sécurité - une période que Mahmoud Abbas semble décidé à mettre à profit pour faire la tournée d'un certain nombre de capitales.