
Après avoir été suspendues durant le week-end, les négociations entre le collectif LKP, le patronat et l'État ont repris. Le syndicat guadeloupéen réclame toujours une augmentation de 200 euros nets pour les bas salaires.
AFP - Les négociations ont repris lundi en Guadeloupe entre le "collectif contre l'exploitation" LKP, le patronat et l'Etat, après un week-end de calme, mais dans un climat pessimiste.
La discussion a débuté vers 11H20 (16H20 à Paris) à Pointe-à-Pitre, dans la capitainerie du port autonome de la Guadeloupe.
Plusieurs centaines de militants accompagnaient les six délégués et les experts du LKP à leur arrivée, chantant en créole le refrain de la grève "La Guadeloupe c'est à nous, la Guadeloupe, c'est pas eux", mais aussi "Nous venons pour négocier".
Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, s'était joint à la marche.
Le préfet Nicolas Desforges a retrouvé autour de la table Elie Domota, le porte-parole du LKP. Les deux médiateurs envoyés par le gouvernement, qui ont travaillé pendant tout le week-end, étaient également présents.
Principale revendication du collectif syndical, qui a lancé le mouvement de grève depuis le 20 janvier: une augmentation de 200 euros nets pour les bas salaires.
Les négociations avaient été suspendues vendredi soir, avant un week-end marqué par les obsèques très suivies de Jacques Bino, le syndicaliste tué par balles la semaine dernière à un barrage.
Les échos venus depuis des différentes parties sont pour le moins prudents.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a déclaré que les négociations en Guadeloupe étaient "encore très complexes" et que les dernières nouvelles montraient que "nous ne sommes pas si près d'un accord que ça".
L'effort que se propose de faire l'Etat est conséquent, si l'on en croit des sources patronales pour qui la moitié des 150 millions d'euros d'"améliorations" prévues du projet de loi de développement économique de l'Outre-mer consisterait en des allègements de charges sociales patronales. Un domaine dans lequel le gouvernement comptait au départ économiser 138 millions d'euros par an en outre-mer.
Quant à Elie Domota, il avait qualifié dimanche de "véritable usine à gaz" la proposition des médiateurs pour parvenir à une hausse proche de 200 euros pour les bas salaires en Guadeloupe.
Si les observateurs estiment que les barrages pourraient rapidement réapparaître en cas de rupture des négociations, aucun incident n'a été enregistré sur l'île durant la nuit de dimanche à lundi, pour la deuxième nuit de suite.
Presque tous les axes routiers de l'île ont été déblayés samedi et dimanche par des entreprises réquisitionnées.
La préfecture a cité l'exception d'un barrage à Baie-Mahault, où les forces de l'ordre n'ont pas souhaité intervenir contre des occupants qualifiés de "très agressifs".
Selon Radio Caraïbes Internationale (RCI), un autre barrage était en place lundi matin au noeud routier de Marieul à Morne-à-l'eau et une cinquantaine de militants de la centrale syndicale UGTG positionnés sur le pont-échangeur de Poucette au Gosier.
La préfecture, qui n'a pas publié de communiqué à ce sujet, a réquisitionné lundi plusieurs stations-services, dont quatre dans la proche région de Basse-Terre, a-t-on appris de source sûre. L'accès de ces stations-services n'est pas limité aux seuls clients prioritaires.
En Martinique, qui connaissait lundi son 19e jour de grève, le "collectif du 5 février contre la vie chère et pour l'emploi" a annoncé un "renforcement de la mobilisation". La décision a été prise dimanche en raison du blocage des négociations, dont le collectif attribue la faute au patronat.