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L'ex-dictateur panaméen Manuel Noriega, renversé en 1989 par ses anciens alliés américains, a été extradé de la France vers son pays où il devrait purger trois peines de 20 ans de prison pour des disparitions d'opposants.

AFP - L'ex-dictateur du Panama Manuel Noriega, renversé il y a 22 ans par ses anciens alliés américains, a quitté la France dimanche pour être extradé vers son pays, où il devrait purger trois peines de 20 ans de prison pour des disparitions d'opposants.

L'avion de la compagnie espagnole Iberia, dans lequel se trouvait M. Noriega selon un membre de la délégation panaméenne qui l'accompagne, a décollé vers 08H00 de l'aéroport d'Orly pour Madrid, où un vol est prévu à 12H40 pour le Panama, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Manuel Noriega, 77 ans, est attendu au Panama à 17H30 locales (22h30 GMT), selon le ministre panaméen des Affaires étrangères, Roberto Henriquez.

"Je suis dans l'avion" avec Manuel Noriega à Orly, a déclaré à l'AFP un membre de la délégation panaméenne qui l'accompagne, sous couvert de l'anonymat.

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Portrait de Manuel Noriega
Paris extrade l'ancien dictateur Manuel Noriega vers le Panama

"Les autorités françaises ont remis ce matin Manuel Noriega aux autorités panaméennes en vue de son extradition au Panama", a confirmé à l'AFP Bruno Badré, porte-parole du ministère de la Justice.

Renversé il y a 22 ans par ses anciens alliés américains, Manuel Noriega devrait purger dans son pays trois peines de 20 ans de prison pour des disparitions d'opposants. Les autorités souhaitent le juger pour d'autres faits commis durant ses années au pouvoir, marquées par de multiples violations des droits de l'Homme.

Il était détenu depuis 2010 à la prison parisienne de la Santé pour blanchiment d'argent, après avoir passé plus de 20 années en cellule aux Etats-Unis pour trafic de drogue.

Une voiture escortée de voitures de police avait quitté la prison à 05H45 et s'était garée sur le tarmac près de l'avion d'Iberia, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La cour d'appel de Paris a rendu le 23 novembre un avis favorable à son extradition, ouvrant la voie au retour dans son pays du général qui a dirigé le Panama d'une main de fer entre 1983 et sa destitution par les Etats-Unis en décembre 1989.

Une délégation panaméenne composée de membres du ministère des Affaires étrangères, de policiers et de médecins se trouvait à Paris depuis une semaine afin de réaliser les démarches administratives et médicales nécessaires à son extradition.

Selon une source à la chancellerie panaméenne, la santé de l'ancien dictateur est compatible avec son extradition.

Le retour de cet ancien agent de la CIA, devenu ennemi juré des Etats-Unis, suscite quelques inquiétudes au Panama, au regard des secrets qu'il pourrait détenir sur des personnalités politiques et des grandes fortunes édifiées sous son régime.

D'anciens opposants à l'ex-dictateur ont prévu d'organiser une manifestation le jour de son retour, dans le secteur bancaire de la capitale, à l'endroit même où se déroulaient dans les années 80 les manifestations pour demander la fin du régime militaire (1968-1989).

Le président du Panama, Ricardo Martinelli, a déclaré vendredi que Noriega irait "directement en prison", mais l'ex-dictateur pourrait demander à être assigné à résidence en vertu d'une loi qui autorise les condamnés de plus de 70 ans à demander à purger leur peine à domicile.

En prison, il doit être détenu dans une cellule "individuelle" et "simple", disposant de ses propres sanitaires, "à proximité des différents ateliers et salles de cours", selon la ministre panaméenne de l'Intérieur, Roxana Mendez.

Il sera traité "dans les mêmes conditions que les autres (détenus) du centre de détention d'El Renacer", situé dans le nord-ouest de la capitale, a assuré la ministre alors que plusieurs proches de victimes de la dictature ont dit craindre qu'il ne bénéficie d'un traitement de faveur.

Le directeur de l'Administration pénitentiaire, Angel Calderon, a précisé que du fait du statut de Manuel Noriega, les mesures de sécurité "seront renforcées" et qu'il serait "isolé" des autres détenus.