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Le gouvernement soudanais ne suspendra pas les exportations de pétrole du Soudan du Sud. Les deux pays voisins étant toujours dans l'impasse sur les taxes de transit, Khartoum prélèvera en nature 23% du pétrole qui transitera par ses infrastructures.

AFP - Le Soudan ne va pas bloquer les exportations de pétrole sud-soudanaises malgré l'échec des négociations menées mercredi à Addis Abeba, mais va prélever en nature 23% du pétrole qui transitera par ses infrastructures, ont annoncé des responsables soudanais.

Jusqu'à ce qu'un accord soit conclu, "nous n'allons pas imposer la taxe de transit complète. Nous allons déduire 23% sous forme de paiement en nature", a déclaré à l'AFP un haut responsable du ministère du Pétrole sous couvert de l'anonymat.

Les discussions sont dans l'impasse entre Khartoum et Juba au sujet du partage des revenus pétroliers, qui constituent 98% des revenus du Soudan du Sud (où se trouvent la majeure partie des réserves) et 60% de ceux du Soudan (qui contrôle les infrastructures indispensables à l'exportation).

Le ministère soudanais du Pétrole avait annoncé lundi avoir bloqué les exportations de pétrole sud-soudanaises, assurant que Juba ne s'était pas acquitté de 727 millions de dollars de frais de transit entre juillet et octobre.

Mais en revenant mercredi d'Addis Abeba, le négociateur soudanais pour les questions économiques, Sabir Mohamed Hassan, a assuré que le pétrole sud-soudanais continuait de transiter par le Soudan.

"Le Sud (Soudan du Sud, ndlr) a accès (à nos infrastructures) et va continuer à exporter, et c'est dans notre intérêt", a-t-il expliqué en conférence de presse. Mais "nous leur avons dit qu'il était de notre responsabilité de prendre notre dû en nature, et c'est exactement ce qu'il s'est passé ces derniers jours".

Soulignant l'absence de progrès sur ce sujet sensible, le négociateur a expliqué que Khartoum réclamait au Soudan du Sud 36 dollars par baril transitant par ses infrastructures, des frais qualifiés d'"extorsion" par Juba.

La décision de Khartoum de se payer en nature a provoqué la colère des autorités sud-soudanaises.

"Si le gouvernement soudanais vole le pétrole du Soudan du Sud, ou si d'autres essaient d'acheter le pétrole volé par le gouvernement soudanais au Sud, la République du Soudan du Sud prendra les mesures légales nécessaires", a déclaré dans un communiqué le négociateur sud-soudanais, Pagan Amum.

Il a également accusé le gouvernement de Khartoum de ne pas avoir reversé à Juba sa part dans les revenus pétroliers du pays en mai, juin et juillet, durant les mois qui ont précédé la partition.

Selon des experts, plus les deux pays tarderont à s'accorder sur ce dossier, plus les négociations seront difficiles. La prochaine rencontre est prévue à Juba le 20 décembre.