Le gouvernement d'union nationale grec a fait face à son premier mouvement de grève et de manifestations contre la cure d'austérité qui frappe le pays. Plusieurs milliers de personnes ont défilé à Athènes et Salonique (nord).
AFP - Plusieurs milliers de personnes ont commencé à manifester jeudi à Athènes, en marge d'une grève générale contre la cure d'austérité frappant le pays depuis deux ans, que le nouveau gouvernement de coalition s'est encore engagé à poursuivre mercredi soir.
En milieu de journée, la police comptabilisait 17.000 manifestants à Athènes et 6.000 à Salonique dans le nord du pays, défilant derrière le slogan "Non au budget d'austérité" ou "Non, encore une fois non, il faut que les coupables de la fraude fiscale payent".
Les médias soulignaient pour leur part que la mobilisation était bien inférieure à celle d'octobre, quand plus de 125.000 personnes avaient manifesté dans le pays à l'occasion d'une grève générale de deux jours. Entretemps, le Premier ministre socialiste, Georges Papandréou, a été poussé vers la sortie par ses troupes au profit d'une alliance gouvernementale socialiste-droite.
"Il y a effectivement moins de monde qu'en octobre (....) mais la patience des gens commence à être à bout. (...) Il y a une grande tristesse et une colère qui vont s'exprimer bientôt, j'espère que ce ne sera pas de façon incontrôlée", a déclaré Ilias Iliopoulos, vice-président du syndicat des fonctionnaires Adedy, sur la radio Flash.
Jeudi, la grève était observée essentiellement dans le secteur public, même si l'appel concernait aussi le privé, à l'appel de la grande confédération syndicale GSEE.
Les bateaux sont restés à l'ancre au port du Pirée près d'Athènes, les trains ne roulaient pas et des écoles et administrations sont restés fermées, tandis que bus et trolleys observaient un arrêt de trois heures. Mais à la différence de précédentes journées d'action, les avions volaient normalement, Bourse d'Athènes et métro fonctionnant aussi sans problèmes. De nombreuses banques étaient aussi ouvertes.
Sixième grève générale depuis le début de l'année, ce conflit est le premier pour le gouvernement de l'ex-banquier central Lucas Papademos, qui réunit socialistes, conservateurs et extrême-droite.
Tous se sont engagés, sous menace d'un lâchage financier du pays, à appliquer les mesures d'austérité dictées par les bailleurs de fonds, zone euro et FMI.
Depuis le recours du pays à la perfusion de ses partenaires pour éviter la faillite, en mai 2010, les syndicats ont observé quatorze grèves générales au total.
Pour Costas Tsikrikas, président de l'Adedy, la faible mobilisation jeudi vient de ce que les "gens sont terrorisés de ne pas toucher leurs salaires ou leurs pensions de retraite". Mais "les problèmes vont s'aggraver, ça suffit on ne peut pas continuer comme ça".
L 'Adedy dénonce les coupes salariales et le chômage technique prévu pour plus de 20.000 personnes d'ici fin décembre, dans le cadre d'une suppression prévue de 150.000 postes dans le public d'ici 2013.
A Athènes, des fonctionnaires occupaient le siège de l'université pour protester contre cette mesure.
Passoula Vertzizoglou, 46 ans, employée dans une école technique universitaire depuis 23 ans, a expliqué à l'AFP qu'elle craignait une réduction de 30% des services administratifs des universités, et la perte de son emploi, après avoir vu son salaire réduit à 700 euros net, contre 1.150 euros l'an dernier.
Des forces anti-émeutes étaient présentes dans les rues de la capitale pour éviter des incidents, qui émaillent souvent en Grèce les grandes manifestations, mais jusqu'en début d'après-midi, le calme prévalait.
Un conseil des ministres restreint devait avoir lieu en milieu de journée pour préparer le sommet européen des 8 et 9 décembre et avaliser un projet de loi reprenant ou approfonsissant une série de mesures déjà adoptées à la demande des créanciers, notamment sur la libéralisation d'une série de professions.
Mercredi soir, M. Papademos a une fois de plus assuré les dirigeants de l'UE que son gouvernement prendrait "toute mesure nécessaire pour mettre en oeuvre les décisions du sommet de la zone euro du 26 octobre et réaliser les objectifs du programme de redressement de l'économie, qui est crucial pour l'amélioration de la vie des Grecs".