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La crise ramène Nicolas Sarkozy à Toulon

Trois ans après avoir plaidé pour une "refonte du capitalisme", Nicolas Sarkozy revient à Toulon pour parler de la crise. Un discours qui devra convaincre Européens, marchés financiers et, en vue de la présidentielle en 2012, les électeurs français.

Difficile d’échapper à la comparaison. Trois ans après son discours de Toulon sur la nécessité de “refonder le capitalisme”, Nicolas Sarkozy revient dans la préfecture du Var pour s’exprimer de nouveau sur la situation économique. Mais contrairement à 2008, la crise ne vient pas cette fois des États-Unis mais trouve son origine en Europe.

A cinq mois de la présidentielle et alors que la crise de la zone euro n’en finit pas de s’aggraver, l’actuel locataire de l’Élysée sait donc que son discours, baptisé “Toulon II” par les médias, est attendu aussi bien en France qu’en Europe. Sa plume officielle, Henri Guaino, s’est ainsi isolé dans son bureau depuis lundi, selon le quotidien conservateur "Le Figaro", pour travailler sur le message que va délivrer ce soir Nicolas Sarkozy.

"Pourquoi parle-t-on de 'Merkozy' ?"

“Si en 2008, le président était apparu à Toulon en conquérant prêt à réformer les marchés financiers, cette fois-ci, ce sera avant tout un travail de pédagogue”, explique à France 24 Bruno Cautrès, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Pour cet expert de la vie politique française, Nicolas Sarkozy va s’atteler “à expliquer les mesures d’austérité décidées à des Français de plus en plus inquiets”.

Une explication de texte de la crise qui doit dépasser les frontières nationales. “Il faut qu’il explique aux opinions publiques grecque, italienne et autre pourquoi on parle de ‘Merkozy’”, juge Bruno Cautrès en faisant référence à l’importance du couple formé par le président français et la chancelière allemande Angela Merkel.

Un volet de son discours qui sera également très écouté par les marchés financiers de plus en plus inquiets des dissensions entre les responsables des deux locomotives de l'Union européenne. Après Nicolas Sarkozy, ce sera, vendredi, au tour de la chef du gouvernement allemand de prononcer à Berlin un discours sur la situation économique actuelle.

Gommer l'image des premières années du quinquennat

Cette partition franco-allemande vise à préparer le sommet des chefs d’État de la zone euro qui se déroulera les 8 et 9 décembre à Bruxelles. Dans cette perspective, Nicolas Sarkozy devrait dans son discours présenter les axes de la réforme des traités européens qui permettra une plus grande intégration budgétaire de la zone euro.

Au-delà de ce rôle de “grand explicateur” en chef, Nicolas Sarkozy utilisera probablement la tribune toulonaise afin de “reprendre pied dans l’opinion et de marquer le démarrage de sa période de reconquête de l’opinion”, assure Paul Cautrès. Pour celui qui n’est pas encore candidat à sa réelection, ce discours “doit être un moment fondateur” de la redéfinition de son image politique, juge cet expert.

“Depuis un an et demi environ, Nicolas Sarkozy tente de gommer l’image laissée par les premières années de son quinquennat et le discours de Toulon sera particulièrement important dans cette optique”, estime Paul Cautrès. Après le bling-bling et l'hyperprésident, place donc au président protecteur. “C’est important non seulement parce que nous sommes dans un contexte de crise, mais aussi parce que c’est ce qui façonne le statut présidentiel en France”, rappelle-t-il. Comme il y avait eu un avant et un après Toulon I, Nicolas Sarkozy espère donc qu’il y aura un avant et un après ce 1er décembre. Aussi bien pour l’Europe que pour son propre avenir politique.