
Une jeune femme française a été tuée dans l'explosion d'une grenade lancée près d'un café du bazar de Khan el-Khalili, un quartier touristique du Caire. Au moins 22 personnes, dont quinze Français, ont été blessées.
AFP - Une touriste française a été tuée et 22 autres personnes ont été blessées dimanche soir dans un attentat près d'un café en bordure du souk Khan el-Khalili, au coeur du Caire historique, dans la première attaque terroriste contre des Occidentaux en Egypte depuis 2006.
Selon les services de sécurité cités par l'agence officielle Mena, une grenade, qui a explosé vers 18H50 (16H50 gmt) avait été placée dans un sac en plastique sous un banc en pierre de la place de la mosquée al-Hussein, près de Khan al-Khalili.
"C'était un engin explosif de fabrication artisanale apparemment jeté d'un toit vers une zone de cafés", avait déclaré dans un premier temps un responsable de la police, alors que les abords du quartier ont été bouclés par les forces de sécurité.
La Française tuée était âgée de 17 ans et était originaire de Levallois, près de Paris. La victime "était partie avec un groupe de jeunes de Levallois", a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Parmi les blessés, figurent 15 touristes français, dont trois plus sérieusement atteints, ainsi qu'un Allemand, trois Saoudiens et trois Egyptiens, selon un nouveau bilan obtenu auprès des services de sécurité.
A Paris, le président Nicolas Sarkozy a fait part de sa "profonde émotion" et a transmis "ses condoléances à la famille de la victime et adressé un message de sympathie et de solidarité aux blessés et à leurs proches".
Selon une source policière, l'engin était de "fabrication artisanale et contenait des morceaux de métal et des clous". Elle a indiqué que le second engin avait été désamorcé par des artificiers.
Les forces de sécurité empêchaient tout accès au lieu de l'attentat.
Le bazar de Khan al-Khalili, où convergent chaque jour des milliers de touristes, avait déjà été le théâtre d'un attentat en avril 2005, dans lequel deux touristes français et un Américain avaient été tués.
"Je ne me sens plus en sécurité. Je pensais visiter demain les pyramides mais une autre attaque pourrait avoir lieu, je n'irai pas" a dit à l'AFP sur place une touriste italienne, Francesca Camera, 29, arrivée la veille au Caire.
Consterné, le propriétaire d'un magasin de souvenirs, Taha, 20 ans, a affirmé à l'AFP : "ils ont tué mon existence, ils veulent détruire notre pays. Aucun musulman, aucun chrétien ne peut faire une chose pareille".
Il s'agit de la première attaque contre des touristes en Egypte depuis le triple attentat qui avait frappé la station balnéaire de Dahab, dans la péninsule du Sinaï, en avril 2006, dans lequel 20 personnes, dont six ressortissants étrangers, avaient été tués, en plus des trois kamikazes.
Deux autres grandes cités balnéaires du Sinaï, en bordure de la mer Rouge, avaient également été visées en 2004 et 2005: Taba (34 morts) et Charm-el-Cheikh (70 morts).
Les autorités les avaient attribués à des bédouins islamistes membres du groupe Al-Tawid wal Jihad, estimant qu'ils avaient eus des liens avec des islamistes palestiniens de la bande de Gaza. Trois avaient été condamnés à mort et exécutés.
Mais ces attentats ne semblaient pas reliés à la violence islamiste orchestrée par des groupes al-Jihad et al Gamaa al Islamiya qui avait provoqué la mort de 1.300 personnes dans les années 90.
Cet attentat dans un lieu aussi symbolique que Khan al-Khalili pourrait peser lourdement sur le tourisme en Egypte, déjà touché par la crise économique.
Le ministre du Tourisme, Zoheir Garranah, a "condamné avec force" cet attentat, exprimant l'espoir qu'il n'aurait pas de répercussions négatives sur le tourisme en Egypte, dans une déclaration à l'agence officielle Mena.
Avec 13 millions de visiteurs l'an dernier, il s'agit d'un secteur clef qui a rapporté 11 milliards de dollars pour l'année fiscale 2008, soit 11,1% du PNB, et emploie 12,6% de la population active.
Ce sont l'an dernier 1,8 million de Russes qui sont venus se faire bronzer sur les bords de la mer Rouge, devant 1,2 million d'Allemands ou de Britanniques, 1 million d'Italiens ou 600.000 Français.