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Les gouvernements du monde entier se retrouvent durant deux semaines à Durban, en Afrique du Sud, pour trouver les moyens de contenir le réchauffement climatique. Mais les espoirs d'arriver à un consensus sont minces.

En 1997, le protocole de Kyoto fixait la fin de la première phase de réduction des gaz à effet de serre à décembre 2012. Ce calendrier semblait à la fois contraignant et réalisable. À moins d’un mois du début de l’année 2012, les délégués des 190 pays réunis à la conférence de l’ONU à Durban, en Afrique du Sud, sont donc pressés de donner une suite à ce protocole.

Pourtant, les chances que les pays les plus industrialisés du monde puissent trouver un accord sont minces. L’optimisme qui prévalait encore lors des conférences précédentes (à Copenhague en 2009 et à Cancun l’année dernière) n’est plus de mise.

Mark Maslin, professeur de climatologie à la University College de Londres (UCL), est très pessimiste. "Il n’y a aucune raison de se réjouir. Je crois que rien de concret ne sortira de Durban. Les attentes sont même basses : on s’estimera heureux si tout le processus de négociations tient encore debout, à la fin des deux prochaines semaines."

L’Union européenne (UE) se veut la locomotive des négociations. Les Vingt-Sept se disent prêts à définir de nouveaux objectifs écologiques, même si les autres pays ne la suivent pas. “Le fait que l’UE s’apprête à aller seule de l’avant montre combien les négociations sont moribondes", explique Mark Maslin.

D’après ce professeur en climatologie, les pays comme la Chine et les États-Unis vont de nouveau traîner des pieds et se renvoyer la responsabilité de la difficulté des discussions. "Les Chinois diront toujours : ‘pourquoi devrions-nous signer un protocole quand les États-Unis refusent de le faire ?’ C’est toujours le même point de friction à chaque conférence sur le climat."

Le directeur de Climate Action Network Europe, Wendel Prio, renchérit : "C’est vrai, les attentes sont plutôt limitées, car personne ne se montre vraiment déterminé à aller plus loin que ce qui a déjà été négocié auparavant. C’est une période difficile. Nous nous étions rendus à Copenhague en 2009 la fleur au fusil, et nous avons vu la réalité d’une telle conférence : les négociations sont extrêmement lentes. Nous avons fini par obtenir un accord in extremis à Copenhague, et nous aurons peut-être le même type de résultat à Durban. Cela sera mieux que rien. Mais c’est tellement en-deça de nos attentes et de l’urgence de la situation."

Les inondations en Thaïlande, le mois dernier, et la sécheresse en Somalie, sont les deux exemples récents utilisés par les ONG écologistes pour démontrer que l’état de la planète ne peut plus attendre un hypothétique compromis. Et malgré le pessimisme ambiant, ces organisations espèrent voir les négociations avancer sur certains points spécifiques.

  • Prolonger le calendrier du protocole de Kyoto

En 1997, 37 États, connus comme “les pays de l’annexe 1”, se sont engagés à réduire de 5,2 % leurs émissions de gaz par rapport à leur niveau de 1990. La date butoir a été fixée à décembre 2012. La réunion de Durban doit donc s’efforcer de fixer de nouveaux objectifs et de nouveaux horizons. Tout du moins, d'établir un calendrier de négociations. 

"L’UE et d’autres pays en cours d’industrialisation aimeraient signer, d’ici 2015, un nouveau protocole qui remplace le texte de Kyoto. Mais des pays comme les États-Unis, le Brésil, l’Inde et la Chine, préféreraient que les négociations sur un éventuel nouveau texte ne commencent qu’en 2015, résume le professeur Maslin. Les gouvernements qui freinent les négociations pensent qu’en ces temps de récession économique, il est suicidaire de réduire les émissions de carbone. Ils pensent que les urgences sont ailleurs."

Bob Ward, directeur de la communication à l’Institut britannique de recherche Grantham sur le changement climatique et l’environnement, met en garde : “La leçon à tirer de la crise financière, c’est qu’il faut agir quand vous voyez arriver le risque et ne pas attendre qu’il vienne vous frapper dans le dos ! Ce serait une ironie de l’histoire d’ignorer le risque climatique, pour s’occuper de la crise économique."

  • Limiter le réchauffement climatique

À la conférence de Cancun, en 2010, les pays participants se sont mis d’accord pour limiter à 2°C la hausse du réchauffement climatique, par rapport à la température qui régnait sur la planète avant l’ère industrielle. Mais cet objectif ne sera jamais atteint, à en croire les scientifiques. “Cette question doit redevenir centrale, plaide Mark Maslin. Les engagements pris à Cancun ne sont pas suffisants. Les gouvernements doivent reconnaître que nous avons perdu du temps en négociations alors qu’il fallait agir vite."

  • Aider les pays les plus pauvres

L’une des avancées de la Conférence de Cancun fut la création d’un "Green Climat Fund", un fonds qui permette aux pays les moins riches d’investir dans des énergies vertes et de réduire les émissions de gaz carboniques. Le fonds devrait être doté de plus de 100 milliards de dollars d’ici 2020. Dans la même veine a été créé le programme REDD, destiné à lutter contre la déforestation. Mais les deux fonds n’ont pas récolté l'argent nécessaire. L’expert Wendel Prio espère que les promesses de dons deviennent sonnantes et trébuchantes à Durban. "Nous devons absolument mettre sur pied ce Green Climate Fund, et trouver comment le financer. La conférence se tient à Durban, dans une ville africaine et sur un continent qui a beaucoup à parier sur les énergies renouvelables. Les attentes de la population sont très fortes."