Les trois principaux dirigeants de la zone euro, le Français Nicolas Sarkozy, l'Allemande Angela Merkel et l'Italien Mario Monti, sont réunis en mini-sommet à Strasbourg afin de trouver une parade à la crise qui menace la monnaie unique.
AFP - Un mini-sommet des trois plus grandes économies de la zone euro, Allemagne, France et Italie, a débuté jeudi à Strasbourg, alors que le bras de fer se poursuit entre Paris et Berlin sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) face à la crise de la dette.
Nicolas Sarkozy a accueilli à la mi-journée dans la grande ville de l'est de la France la chancelière allemande Angela Merkel pour un énième sommet de crise auquel le nouveau chef du gouvernement italien, Mario Monti, a été aussi convié. Ils n'ont fait aucune déclaration à leur arrivée à l'Hôtel préfectoral pour un déjeuner de travail qui devait être suivi d'une conférence de presse vers 13H00 GMT.
Officiellement, il s'agit de préparer le sommet européen du 9 décembre. C'est aussi une manière d'associer l'Italie, agacée par le couple franco-allemand, ce "petit directoire" selon l'expression d'un haut responsable italien.
Mario Monti doit rassurer ses partenaires sur sa détermination à réduire les quelque 1.900 milliards d'euros de dette italienne et à débloquer une croissance en panne.
Les places financières européennes rebondissaient jeudi après trois jours de baisse. Mais, signe de la nervosité toujours présente, l'agence Fitch a abaissé d'un cran la note financière du Portugal, à "BB+", reléguant ce pays parmi les émetteurs à risque.
La crainte est désormais que la crise se propage à toute la zone euro.
La France a ainsi reçu coup sur coup, ces derniers jours, les avertissements de deux des trois grandes agences de notation, Moody's et Fitch, qui l'ont prévenue que son "triple A", qui lui permet de s'endetter à bas coût, serait menacé en cas d'aggravation de la crise.
Mais l'Allemagne, moteur de la croissance européenne et référence des marchés, n'est pas totalement à l'abri. Ses perspectives économiques pour 2012 sont moroses, et, surtout, Berlin a eu beaucoup de mal à attirer les investisseurs lors d'un emprunt obligataire mercredi.
Un événement qui n'est pas passé inaperçu. La crise "touche toutes les économies, même les plus solides", a constaté jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Or, à Paris comme dans plusieurs capitales européennes, on veut croire qu'"en cas d'aggravation de la crise, l'Allemagne finira par bouger" sur les solutions à adopter, explique un diplomate européen.
Autrement dit, qu'elle cèdera face aux demandes insistantes de la France et d'autres pays pour que la BCE s'investisse davantage pour protéger les Etats en difficulté.
"Ce qui ne va pas, c'est la confiance. C'est ça qu'il faut rétablir. Je pense --j'espère que la réflexion avancera-- que la BCE devrait jouer un rôle essentiel pour rétablir cette confiance", a plaidé Alain Juppé.
Pour l'instant, Angela Merkel ne veut pas en entendre parler. Berlin redoute que cela ne favorise l'inflation mais aussi le laxisme budgétaire des gouvernements. Et la BCE elle-même refuse de s'engager sur une telle voie.
De la même manière, l'Allemagne est opposée à la mutualisation des dettes européennes via la création d'euro-obligations, remises sur la table par Bruxelles.
En revanche, les autorités allemandes veulent une révision rapide des traités européens pour renforcer la discipline budgétaire.
Une fois ces changements effectués, "nous serons prêts à toute la solidarité nécessaire", a assuré mercredi le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.
Nicolas Sarkozy, pourtant réticent, a fait un pas en direction de l'Allemagne sur la question des traités. "Les dix-sept pays de la zone euro doivent être davantage intégrés" et "la France et l'Allemagne doivent se rapprocher et être le socle de la stabilité de la zone euro", a-t-il lancé mercredi soir.
Selon une source diplomatique, le chef de l'Etat français et la chancelière allemande pourraient annoncer, jeudi ou dans les prochains jours, une initiative commune en faveur d'une révision des traités.
"Paris espère obtenir en contrepartie une avancée allemande sur la BCE", relève-t-on de même source. "Mais Angela Merkel ne veut pas ouvrir cette brèche pour l'instant, par crainte de ne plus pouvoir faire marche arrière."
L'Allemagne est pourtant de plus en plus isolée sur cette position.
En proposant un changement des traités, "le risque existe que l'Union européenne meure", a ainsi mis en garde jeudi le vice-Premier ministre du Luxembourg, Jean Asselborn.
Dans ce contexte, juge la presse italienne, Mario Monti pourrait jouer le "médiateur", car il est favorable aux euro-obligations mais opposé à un changement du mandat de la BCE, et il pourrait accepter une révision des traités à condition que les investissements stratégiques pour la croissance soient exclus du calcul des déficits publics.