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Nicolas Sarkozy s'élève contre le droit de vote des étrangers

Le président français a jugé "hasardeuse" une proposition de loi socialiste accordant aux étrangers le droit de vote aux élections municipales. Une position que le chef de l'État n'a pas toujours tenue.

AFP - Nicolas Sarkozy a relancé mercredi la controverse sur le droit de vote des étrangers extra communautaires en France, en jugeant "hasardeuse" une proposition de loi socialiste que le Sénat doit examiner en décembre, les députés PS et Marine Le Pen (FN) qualifiant immédiatement d'"hasardeuses" sa mémoire ou ses convictions sur le sujet.

Le chef de l'Etat évoquait lors d'un discours devant près de 3.000 maires réunis à l'Elysée une PPL socialiste visant à autoriser les étrangers hors-Union européenne résidant en France à voter aux élections municipales.

"Une telle proposition me semble hasardeuse", a-t-il dit, "parce qu'elle risque de diviser profondément les Français au moment où, plus que jamais, nous avons besoin de les rassembler".

"Je crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d'être élu dans nos territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité française, étendue pour les élections municipales et européennes aux citoyens européens qui partagent avec nous une communauté de destin", a-t-il ajouté.

"Si une personnalité de nationalité étrangère qui réside dans notre pays, qui respecte nos lois et nos valeurs, veut participer aux choix politiques de notre nation, alors mesdames et messieurs les maires, une voie lui est ouverte, cette voie c'est l'accès à la nationalité française", a-t-il insisté sous les applaudissements d'une salle largement acquise à sa cause.

Le groupe SRC (socialiste, radical et citoyen) à l'Assemblée a été le premier à réagir dans un communiqué, rappelant qu'en 2005, Nicolas Sarkozy expliquait dans une interview "qu’il ne serait pas anormal qu’un étranger en situation régulière qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins 10 ans en France, puisse voter aux élections municipales".

"A peu de chose près, c’est exactement le contenu de notre proposition" de loi, ont ajouté les députés socialistes, raillant "la mémoire hasardeuse" du président de la République, qui "comme la girouette change avec le vent".

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a elle aussi rebondi sur le qualificatif employé par M. Sarkozy, jugeant "hasardeuses" ses convictions.

"Opposé à une telle extension du droit de vote dans les années 1990, il l'avait publiquement soutenue en 2001 puis en 2005, avant de nouveau de la rejeter. C'est toujours au gré des stratégies électorales et des sondages que Sarkozy se détermine", a fustigé la candidate FN à l'Elysée dans un communiqué.

Pour elle, la position exprimée par le chef de l'Etat devant les maires se résume à : "Si les étrangers veulent voter, ils n'ont qu'à devenir français !". "Et voilà comment en une phrase Sarkozy se montre plus laxiste encore que la gauche", ajoute-t-elle, soulignant qu'il venait "de confirmer aujourd'hui qu'il ne voyait dans la nationalité française qu'une simple formalité administrative".

Aujourd'hui les ressortissants de l'UE peuvent voter en France aux élections municipales et européennes.

Dans son projet pour 2012, le PS propose d'étendre ce droit aux étrangers hors-UE pour les "élections locales", sans autre précision. Le candidat François Hollande a précisé depuis que ce droit serait valable "uniquement pour les municipales".

Pour le secrétaire national de l'UMP Bruno Beschizza, "le droit de vote des étrangers est, depuis les 110 propositions de François Mitterrand en 1981, une vieille recette électoraliste socialiste".