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En visite au Bénin, Benoît XVI dénonce la "corruption" qui afflige l'Afrique

Au deuxième jour de son voyage au Bénin, Benoît XVI a dénoncé samedi la "corruption" mais aussi les "injustices" et les "scandales" qui affligent l'Afrique et le reste du monde. Le souverain pontife s'exprimait depuis la capitale économique Cotonou.

AFP - Benoît XVI a signé samedi la "feuille de route" de l'Eglise catholique du continent africain, dans laquelle il appelle à la réconciliation et la bonne gouvernance, dénonce toutes formes d'esclavages et juge que le sida est avant tout un problème "éthique".

Ce texte de 135 pages intitulé "Africae Munus" (l'engagement de l'Afrique) rassemble les conclusions du synode sur l'Afrique qui s'était tenu en 2009 au Vatican.

Arrivé vendredi pour trois jours au Bénin, terre de vaudou et de catholicisme, le pape a paraphé l'"exhortation apostolique" à Ouidah, un village côtier à 40 km de Cotonou, capitale économique du pays ouest-africain.

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Précisions sur la visite du souverain pontife
En visite au Bénin, Benoît XVI dénonce la "corruption" qui afflige l'Afrique

Dans ce document, le pontife demande aux catholiques de se positionner fermement sur la réconciliation, la défense de la famille et la bonne gouvernance. Il appelle également à l'abolition de la peine de mort et dénonce les mauvais traitements à l'encontre des femmes et des enfants.

"Afrique, bonne nouvelle pour l'Eglise, deviens-le pour le monde entier", a-t-il lancé en portugais, avant de signer l'exhortation dans la cathédrale de Ouidah pleine à craquer.

Il a appelé les chrétiens à "lutter contre l'esclavage", depuis ce port d'où était parti le commerce des esclaves vers les Amériques.

Le sida, qui touche particulièrement l'Afrique où vivent 70% des quelque 34 millions de séropositifs dans le monde, est brièvement abordé dans le document. Et pour le pape, qui a consulté les évêques d'Afrique, c'est un problème essentiellement éthique: "le problème du sida exige certes une réponse médicale et pharmaceutique. Celle-ci est cependant insuffisante car le problème est plus profond. Il est avant tout éthique".

La position du Vatican sur le préservatif pour empêcher la contamination est très controversé. C'est un sujet sur lequel le pape était attendu, après avoir déclenché au Cameroun et en Angola en 2009 une tempête internationale en estimant que l'usage du préservatif aggravait le problème du sida.

Benoît XVI a depuis déclaré que cet usage pouvait être accepté "dans certains cas" "pour réduire les risques de contamination".

Juste avant de signer l'exhortation, le pape est revenu sur les thèmes du synode de 2009: réconciliation, justice et la paix, qui "acquièrent une actualité toute particulière".

"Il suffit de rappeler les tensions, les violence, les guerres, les injustices, les abus de toute sorte, nouveaux et anciens, qui ont marqué cette année", a-t-il dit.

Dans un discours samedi matin au palais présidentiel de Cotonou, Benoît XVI a notamment dénoncé la corruption et d'autres fléaux qui affligent l'Afrique.

"Il y a trop de scandales et d'injustices, trop de corruption et d'avidité, trop de mépris et de mensonges", a-t-il déclaré.

"Chaque peuple (...) saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente", a-t-il poursuivi, après une allusion au Printemps arabe.

"De cette tribune, je lance un appel à tous les responsables politiques et économiques des pays africains (...) Ne privez pas vos peuples de l’espérance ! Ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent !", a-t-il martelé.

Ce discours solennel a été prononcé devant les corps constitués et les représentants d'autres religions dont le vaudou. L'ex-président béninois Mathieu Kérékou, qui dirigea longtemps un régime militaro-marxiste avant de revenir au pouvoir par les urnes, était présent.

Plaidant pour un dialogue interreligieux sans "confusion" ni "syncrétisme", le pape a estimé qu'"aucune religion, aucune culture ne peut justifier l'intolérance et la violence".

Benoït XVI doit remettre dimanche l'exhortation aux présidents des conférences épiscopales du continent à Cotonou, où il dira la messe au "stade de l'amitié" avant de repartir.

C'est à 84 ans son deuxième voyage africain en six ans et demi de pontificat, après celui de 2009.