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Alain Juppé appelle à un renforcement des sanctions contre Damas

Arrivé à Ankara pour une visite de deux jours consacrée à la Syrie, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a dénoncé une situation "inacceptable" et estimé que le moment est venu "d'accentuer les sanctions" contre Damas.

AFP - La France et la Turquie ont exhorté vendredi la communauté internationale à accroître la pression sur le régime syrien par la voie de sanctions, les deux pays redoutant aussi la perspective d'une guerre civile en Syrie.

"Malgré tous les appels qui ont été faits à ce régime pour qu'il se réforme (...) Ce régime n'a rien voulu savoir", a déclaré le chef de la diplomatie française Alain Juppé, en visite en Turquie, lors d'une conférence de presse avec son homologue Ahmet Davutoglu.

"Le moment est venu maintenant d'unir nos efforts pour accentuer les sanctions" contre le régime du président Bachar al-Assad, a-t-il dit.

"La question la plus essentielle à l'heure actuelle est d'accentuer les pressions sur la Syrie, pour que l'effusion de sang s'arrête", a renchéri le ministre turc.

"La situation n'est pas tenable", et "la poursuite de la répression est inacceptable", a ajouté M. Juppé, appelant le Conseil de sécurité de l'ONU à agir.

"Je pense qu'il serait bon aussi que le Conseil de sécurité se prononce. Il n'est pas normal que le Conseil de sécurité ne se prononce pas sur une crise de cette ampleur. Ce n'est pas acceptable", a-t-il estimé.

"J'espère que ceux qui bloquent aujourd'hui toute résolution prendront enfin conscience de la réalité", a lancé M. Juppé, dans une allusion à la Chine et à la Russie, dénonçant la "répression extrêmement brutale" par le régime syrien du mouvement de contestation, qui a fait, selon l'ONU, au moins 3.500 morts depuis mars.

"Nous pensons que le régime n'a pas voulu s'engager dans un programme de réformes et qu'il est maintenant trop tard", a-t-il dit.

M. Davutoglu a de son côté regretté que les efforts de médiation de la Turquie se soient soldés par un échec. "Au lieu d'écouter son peuple, l'administration syrienne a pointé des armes contre sa propre population", a-t-il dit.

La Turquie a coupé les ponts avec Damas, son ancien allié, pour protester contre la répression.

M. Juppé s'est en outre déclaré pessimiste quant aux chances de la Syrie de respecter l'ultimatum qui lui a été lancé par la Ligue arabe.

Celle-ci a accordé mercredi un délai de trois jours à Damas pour un arrêt de la répression armée, sous peine de sanctions économiques.

"Je ne souhaite pas faire de pronostics, mais je doute fort malgré tout que le régime accepte" l'initiative arabe, a dit M. Juppé.

Il a aussi affirmé qu'"une guerre civile serait la catastrophe" et a appelé l'opposition syrienne à éviter "le recours à l'insurrection armée".

Auparavant dans un entretien à l'AFP, M. Davutoglu avait redouté une telle éventualité.

Des déserteurs de l'armée syrienne "se manifestent ces derniers temps, et de ce fait, il y a un risque d'évolution vers la guerre civile", a-t-il estimé.

Jusqu'à présent, "il est difficile de parler de guerre civile, parce que dans une guerre civile, il y a deux parties qui se battent. Et dans le cas présent, ce sont la plupart du temps des civils qui sont attaqués par les forces de sécurité. Mais il y a toujours le danger que cela se transforme en guerre civile", a-t-il ajouté.

M. Juppé a répété que la France, qui a rappelé son ambassadeur à Damas, était opposée à une "intervention unilatérale" en Syrie et qu'une telle intervention, si elle avait lieu, ne pouvait que se faire dans le cadre d'un mandat du Conseil de sécurité.

Interrogé sur le point de savoir si la Turquie envisageait de créer une zone tampon où d'imposer une zone d'exclusion aérienne à sa frontière avec la Syrie, M. Davutoglu a dit que ce n'était pas pour l'instant d'actualité.

"Des mesures" pourraient être adoptées dans l'avenir à ce sujet, a-t-il ajouté, sans plus de précision.