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"Un scrutin législatif a valeur de test pour la réforme du pays"

La campagne pour les élections législatives anticipées du 25 novembre au Maroc bat son plein. Interrogé par FRANCE 24, Abderrahim Manar Slimi, professeur de sciences politiques à Rabat, décrypte les enjeux du scrutin.

La campagne pour les élections législatives anticipées du 25 novembre bat son plein au Maroc, quelques mois après l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum, en juillet.

Pour la première fois, le Premier ministre qui sera désigné par le roi pour diriger le nouveau gouvernement sera issu du parti vainqueur du scrutin, selon les dispositions des réformes constitutionnelles. Interrogé par FRANCE 24, Abderrahim Manar Slimi, professeur de sciences politiques à l'Université Mohammed-V de Rabat, décrypte les enjeux de ce rendez-vous électoral.


FRANCE 24 :
Quels sont les enjeux majeurs des élections législatives du 25 novembre?

Abderrahim Manar Slimi : Je pense qu’il en existe trois. Le premier concerne la réforme des institutions. Depuis le début des discussions sur la nouvelle Constitution, l'État a envoyé un nombre de signes important allant en ce sens. Les élections législatives du 25 novembre permettront donc de tester la réelle volonté des autorités de la mettre en œuvre.

Le deuxième défi a trait au taux de participation, qui sera particulièrement observé. Sachant qu’une partie de l’opposition appelle les électeurs à boycotter le scrutin, le défi pour l'État est de mobiliser autant d’électeurs que lors du référendum sur la Constitution [le taux de participation s’était alors élevé à 73 %, NDLR].

Enfin, le dernier point concerne le renouvellement, le rajeunissement et la féminisation des élites politiques. Seront-ils réels ?

F24 : Les islamistes ont le vent en poupe en Afrique du Nord depuis les révolutions arabes. Quel sera l’impact du contexte régional sur le scrutin marocain ?

A. M. S. : Malgré les succès enregistrés par les islamistes en Libye et en Tunisie, je pense qu’il sera faible. La situation des islamistes marocains est, en effet, différente de celle qui prévaut dans les pays voisins puisqu’ils participent déjà, officiellement, à la vie politique du royaume. Enfin, le Parti de la justice et du développement [PJD, principal parti islamiste du Maroc] est la deuxième force politique du pays.

Cependant, il a perdu une partie de son électorat, d’abord en raison de son rejet du Mouvement du 20-Février [regroupement de jeunes, de radicaux de gauche et d’islamistes qui réclament des réformes politiques et dénoncent la corruption, NDLR], créé dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne, ensuite en raison de son attitude favorable au pouvoir tout au long des discussions qui ont précédé le référendum sur la constitution.

F24 : Quel rôle peut jouer le Mouvement du 20-Février qui a appelé au boycott du scrutin ?

A. M. S. : Aujourd'hui, le Mouvement du 20-Février est faible. Sa dynamique a par ailleurs été brisée par le référendum sur la Constitution qui a enregistré un taux de participation record. Son appel à boycotter ce scrutin n'a pas été entendu. Son principal défi est donc, par conséquent, de rebondir après les élections. Il devrait alors avoir son mot à dire si jamais le gouvernement échoue à envoyer rapidement des messages positifs en matière de développement économique et social.