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Cinquante ans après son indépendance, la République démocratique du Congo s’apprête à vivre sa deuxième élection présidentielle au suffrage direct. France 24 vous propose un tour d'horizon des principaux candidats à cette élection.

Onze candidats sont officiellement en lice pour l’élection présidentielle du 28 novembre en République démocratique du Congo (RDC). Le même jour se tiendront également les élections législatives. Selon la commission électorale, quelque 30 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour cette deuxième élection démocratique de l’histoire du pays.

Sur le terrain, cette élection est loin de se dérouler dans des conditions optimales. Le 9 novembre, les Nations unies ont fait part de leur vive préoccupation concernant le climat pré-électoral dans le pays. "Ces derniers mois ont été marqués par de nombreuses violations des droits de l’Homme empreintes de motivations politiques […]", souligne le rapport, qui précise ensuite : "Il existe un risque significatif d’augmentation des violations des droits de l’Homme et des actes de violence.". Selon l’ONU, la plupart des violences ont ciblé des partisans de candidats de l’opposition.

Déjà en 2006, l’entre-deux tours de la campagne électorale avait été émaillée de violences. Dans les rues de Kinshasa notamment, des partisans de Joseph Kabila, le président actuel, et de son rival Jean-Pierre Bemba s’étaient affrontés à l’arme lourde. Bemba est aujourd’hui poursuivi pour crimes de guerre et emprisonné à La Haye, dans l’attente de son procès.

Les poursuites de la Cour pénale internationale ont permis d’écarter la candidature de Jean-Pierre Bemba, mais plusieurs autres grandes figures de l’opposition se présentent aujourd’hui face à Joseph Kabila, grand favori de l’élection. Ils bénéficient chacun de forts ancrages locaux et ethniques, potentiellement à même de faire basculer l’élection en défaveur du président sortant. France 24 vous propose un tour d'horizon des principaux candidats à cette élection.

Joseph Kabila, 40 ans

Candidat du Parti du peuple et de la reconstruction démocratique (PPRD) et grand favori à la présidentielle du 28 novembre, Joseph Kabila tient les rênes du pays depuis plus de dix ans. En janvier 2001, alors un jeune militaire timide et réservé, il est désigné président par intérim au lendemain de l’assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila. Il a alors 29 ans. Il s’attache à pacifier le pays, qui traverse alors la très sanglante deuxième guerre du Congo. La communauté internationale est séduite par ce jeune homme, discret, curieux et rigoureux. Cependant, le vernis parfait de l’homme se craquelle en 2003 au moment où le représentant du Fonds monétaire international en RDC refuse de signer un transfert de fonds vers les caisses de la présidence et est expulsé manu militari du pays .
 
En 2006, Joseph Kabila remporte l’élection présidentielle au deuxième tour avec 58% des voix. En octobre dernier, il s’est assuré le soutien du Parti lumumbiste unifié (Palu), troisième force politique au Parlement, confortant sa pôle position à la présidentielle. Cependant, des violences récemment rapportées par l’ONU, principalement perpétrées par les forces gouvernementales, ainsi que l’amitié entre Kabila avec le président de la commission électorale du pays, sèment le doute sur l’équité de l’élection à venir.

Etienne Tshisekedi, 78 ans

Vieux briscard de la politique à la santé vaillante, il est l’un des grands visages de l’opposition congolaise. Brièvement Premier ministre sous Mobutu, il a également fait de multiples séjours en prison dans les années 1980, après la création de son parti d’opposition, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), dont il est toujours le leader. Etienne Tshisekedi a boycotté les élections de 2006, estimant qu’elles étaient entachées de fraudes. Il a tenté, en vue des élections de 2011, de rassembler autour de lui les principales figures de l’opposition pour évincer Joseph Kabila, mais, ne parvenant pas à s’accorder sur un futur partage du pouvoir, il a échoué à former une coalition forte.
Aujourd’hui, il bénéficie d’une solide base électorale, particulièrement dans les provinces du sud du pays. Mais ses accusations continue contre la commission électorale et ses appels à libérer par la violence les opposants emprisonnés pourraient jouer contre lui, notamment auprès des habitants de Kinshasa.

Vital Kamerhe, 52 ans

Fin connaisseur des arcanes du pouvoir, Vital Kamerhe occupe depuis la fin des années 1980 des postes au sein des différents gouvernements sous Mobutu, puis sous Kabila. Mais c’est en 2006, lorsqu’il devient directeur de campagne de Joseph Kabila, qu’il sort de l’ombre. La victoire du président actuel lui est largement attribuée. Nommé président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerha s’éloigne du PPRD de Kabila en 2009 lorsque celui-ci autorise les troupes rwandaises à mener des opérations sur le territoire congolais sans l’autorisation du Parlement. En 2010, il fonde l’Union pour la nation congolaise (UNC). Candidat dynamique, il est parvenu à mobiliser et rassembler les électeurs les plus jeunes, notamment dans la province du Kivu, à l’est. Les analystes lui confèrent une influence grandissante sur la scène politique congolaise, au point de constituer une menace pour Joseph Kabila.

Léon Kengo wa Dondo, 76 ans 

Personnage omniprésent sous l’ère Mobutu, Léon Kengo wa Dondo fait partie de la "vieille garde" politique du pays. Successivement nommé procureur de la République à l’indépendance du pays en 1960, puis ambassadeur en Belgique, ancienne puissance coloniale, il finit par être devenir ministre des Affaires étrangères à la fin des années 1980. En outre, il est, à deux reprises, nommé Premier ministre, entre 1982 et 1986, puis entre 1988 et 1990. Sentant le vent tourner, il bascule dans l’opposition à la fin des années 1990. Il est pourtant contraint de s’exiler en Belgique à la chute de Mobutu en 1997. Il revient en RDC en 2003, est élu sénateur de sa province, l’Equateur, puis président du Sénat en 2007. À ce poste, il est applaudi par la communauté internationale pour avoir mené, avec succès, les réformes économiques demandées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. En RDC, il bénéficie cependant de peu de soutien, même dans sa province natale.

François-Joseph Mobutu Nzanga, 40 ans

Candidat malheureux à la présidentielle de 2006, le fils de l’ancien dictateur Joseph-Désiré Mobutu avait appelé à voter pour Joseph Kabila au second tour. Il est nommé ministre de l’Agriculture en 2007, puis ministre des Besoins sociaux de base en 2008 puis ministre du Travail en 2010. Il démissionne en mars 2011 pour se consacrer à la campagne électorale. Il se présente à l’élection du 28 novembre sous la bannière de l’Union démocrate mobutiste (Udemo).