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Ai Weiwei versera 930 000 euros pour faire appel de son redressement fiscal

Afin d'obtenir une révision du redressement imposé par le fisc chinois, l'artiste dissident déposera une caution de 930 000 euros. Très critique envers le pouvoir, Ai Weiwei estime que ces mesures fiscales sont un moyen de le "briser".

AFP - L'artiste contestataire chinois Ai Weiwei a déclaré mercredi que son combat contre le fisc "montre au monde le système" en Chine, alors qu'il se rendait au bureau des impôts pour mettre en route une procédure d'appel contre un énorme redressement fiscal.

"Nous pouvons saisir cela comme une occasion de montrer au monde dans quel système" nous sommes, a dit à l'AFP Ai Weiwei, qui a pu, grâce à un afflux de soutiens spontanés, déposer mardi une forte caution pour faire appel d'un redressement fiscal destiné, selon lui à "le briser".

Le peintre, sculpteur, architecte et plasticien, féroce critique du régime communiste, avait été arrêté au printemps, détenu au secret près de trois mois et accusé d'une fraude fiscale d'ampleur.

Mais il a pu verser mardi 8 millions de yuans (930.000 euros) de caution pour pouvoir interjeter appel du redressement fiscal d'un montant de 15 millions de yuans (1,7 million d'euros) que lui réclament les autorités.

Ai Weiwei avait reçu à la fin de la semaine dernière des dons d'un total de 8,69 millions de yuans. Il a expliqué mercredi que cette vague de solidarité, qui a dû irriter les autorités au plus haut point, lui avait fait comprendre qu'il n'étais "pas seul" dans son combat.

Il a ajouté avoir "très bon moral grâce à tous les dons qui (lui) sont parvenus par l'internet". Ai a promis de rembourser ultérieurement leurs dons à ceux qui l'ont aidé.

"Nous ne pourrons pas interjeter appel aujourd'hui", a toutefois dit Ai, précisant qu'il faudrait encore quelques jours. Il s'est rendu au bureau des impôts pour signer un document lui donnant la garantie que l'argent déjà versé serait bien utilisé comme caution et ne constituait pas un paiement.

Grand utilisateur des médias sociaux, Ai Weiwei a confié à l'AFP ne pas avoir eu ces derniers temps beaucoup l'occasion de se consacrer à sa production artistique, mais que son combat pour les droits de l'Homme pouvait entrer dans cette catégorie.

"Je pense que c'est cela, mon travail artistique. Mon oeuvre traite de la communication et de l'expression de ma préoccupation sociale", a déclaré le dissident, qui a notamment mené une longue enquête sur les effondrements des écoles, construites au rabais, lors du séisme du Sichuan de 2008, et la mort de très nombreux enfants.

Ai Weiwei, célèbre notamment pour avoir participé à la conception du "nid d'oiseau", le stade olympique de Pékin, se dit non coupable de fraude fiscale.

Il avait été mis sous enquête des services fiscaux après avoir été détenu au secret près de trois mois de début avril à fin juin après avoir été arrêté à l'aéroport de Pékin alors qu'il tentait d'embarquer pour Hong Kong.

Son arrestation, qui avait soulevé une vague d'indignation à travers le monde, était intervenue dans le contexte d'une répression majeure lancée en février par Pékin contre les dissidents et les militants des droits de l'Homme.

Ai Weiwei est un artiste chinois reconnu à l'étranger et a également bâti sa réputation internationale en exposant, dans la prestigieuse Tate Modern à Londres, une installation géante formée d'un tapis de graines de tournesol en porcelaine.