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Plus de 70 personnes abattues lundi par les forces de sécurité

Selon une ONG, la répression en Syrie aurait fait au moins 70 morts lundi, dont 27 civils. Ce pic de violences intervient alors qu'une réunion de la Ligue arabe se tiendra mercredi à Rabat pour accentuer la pression sur Damas.

AFP - Face à la persistance des violences en Syrie depuis huit mois, la Ligue arabe tient une nouvelle réunion mercredi au Maroc, sous l'oeil vigilant de la Turquie qui conjugue ses pressions à ceux des Arabes et des Occidentaux pour mettre le régime de Damas au pied du mur.

Cette réunion extraordinaire, à Rabat, survient alors que la Syrie a connu lundi une des journées les plus meurtrières depuis le début à la mi-mars de la contestation populaire du régime de Bachar Al-Assad, avec plus de 70 morts civils et militaires.

La répression de la contestation depuis huit mois a fait 3.500 morts, selon l'ONU alors que le pays sombre un peu plus chaque jour dans le chaos et que la crise se militarise et prend des dimensions internationales

Les pressions sur le régime vont crescendo: après la réunion samedi 12 novembre de la Ligue arabe, les chefs de la diplomatie de cette instance se retrouvent mercredi pour discuter des mesures annoncées au Caire visant à sanctionner le pouvoir syrien.

Témoignant de l'urgence de la situation, la Ligue arabe a suspendu le 12 novembre la participation de la Syrie à ses réunions, cette suspension devenant effective le 16 novembre.

Elle l'a également menacée de sanctions qui devraient prendre effet mercredi face au refus du régime d'appliquer un plan arabe de sortie de crise, auquel il avait pourtant souscrit.

La Syrie, qui fait l'objet d'un isolement croissant reste sourde aux appels internationaux et régionaux, et évoque un "complot" contre elle.

La réunion de Rabat coincide avec la visite du ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davutoglu pour participer à un Forum de coopération turco-arabe avec ses pairs.

Or, la Turquie, grande puissance aux portes de la Syrie, se montre déterminée à s'associer étroitement aux décisions arabes et internationales.

Ankara pourrait annoncer des mesures contre le régime syrien dans le cadre de cette concertation turco-arabe, indique-t-on de source diplomatique à Rabat.

"La montée au créneau de la Ligue arabe donne à la Turquie la couverture arabe qu'elle recherchait", estime Caroline Donati, spécialiste de la Syrie et auteur du livre "L'exception syrienne".

Important alliée de la Syrie, la Turquie s'en est progressivement éloignée jusqu'au point de rupture à mesure que la répression contre la population civile sunnite, comme en Turquie, devenait plus féroce.

Ankara est allé jusqu'à quasiment reconnaître le Conseil national syrien (CNS), qui rassemble une partie de l'opposition, et qui a été formé au fil de plusieurs réunions sur le sol turc.

"Ceux qui ne sont pas en paix au Moyen-Orient avec leurs peuples et ne peuvent les satisfaire partiront", a lancé lundi M. Davutoglu tout en appelant la communauté internationale à parler d'une même voix.

Ces prises de position régionales ont grandement conforté Washington et Bruxelles qui s'en sont publiquement félicités.

La Syrie n'a plus comme alliés --en dehors de l'Iran --que la Russie et la Chine qui bloquent toujours toute action au Conseil de sécurité de l'ONU.

Moscou et Damas sont liés par un traité de défense qui remonte à l'ère soviétique. "Mais même la Russie reçoit ce jour même l'opposition syrienne", a indiqué à l'AFP Joseph Bahout, chercheur à l'Institut d'études politiques de Paris et spécialiste de la Syrie.

"Damas a perdu tous ses amis dans la région", note-t-il rappelant que le roi Abdallah II de Jordanie --autre pays frontalier de la Syrie --a été lundi le premier dirigeant arabe à appeler le président Assad à "quitter le pouvoir".

"Tout cela s'ajoute: les nouvelles sanctions de l'UE annoncées hier, les sanctions américaines et maintenant les sanctions arabes. Les derniers remparts tombent (...) la réunion du Caire était cruciale" pour mettre au pas le régime, a-t-il estimé.

Désormais "le régime est aux abois" et "son appel incroyable il y a deux jours à un sommet arabe alors même que la Ligue annonçait ses sanctions, montre qu'il ne cherche qu'à gagner du temps".