Pour Michel Barnier, commissaire européen chargé des services financiers, l'erreur de Standard & Poor's sur la dégradation de la note souveraine de la France constitue un "incident grave" qui met en doute la "rigueur" de l'agence.
AFP - Le commissaire européen chargé des services financiers, Michel Barnier, a qualifié vendredi d'"incident grave" l'annonce erronée par l'agence Standard & Poor's d'un abaissement de la note de la France et s'est dit plus déterminé que jamais à mieux réguler le secteur.
"Cet incident est grave et il montre que dans la situation extrêmement volatile et tendue des marchés actuellement, les acteurs de ces marchés doivent faire la preuve d'une rigueur et d'un sens particulier de la responsabilité", a-t-il indiqué dans une déclaration.
"C'est d'autant plus important qu'il ne s'agit pas ici de n'importe quels acteurs de marché mais de l'une des trois grandes agences de notation qui, à ce titre, a une responsabilité particulière", a-t-il ajouté.
Il appartiendra à l'Esma, l'autorité européenne de surveillance des agences de notation, en coordination avec l'Autorité française des marchés financiers (AMF) "d'en mesurer et d'en tirer les conséquences", a jugé Michel Barnier.
Dans le même temps, le commissaire s'est dit conforté dans sa "conviction que l'Europe doit adopter une réglementation stricte et rigoureuse, notamment mais pas seulement pour les agences de notation".
Il doit présenter un projet législatif la semaine prochaine à ce sujet.
L'idée est de réduire "la dépendance sur les notations", de "renforcer la concurrence et d'éliminer des conflits d'intérêts", d'"augmenter la transparence et de la rigueur de la notation de la dette souveraine" et enfin de "créer un cadre européen de responsabilité civile en cas de faute caractérisée ou de négligence grave".
Ce dernier point, notamment, pourrait, si le projet est adopté, permettre un jour à un pays comme la France de tourner vers les tribunaux pour réclamer des dommages et intérêt au sujet d'un incident comme celui qui s'est produit jeudi.
L'incroyable bourde de l'agence de notation Standard and Poor's, annonçant par erreur en pleine crise de la dette que la France avait perdu son précieux "triple A", a suscité jeudi la colère de Paris et l'ouverture d'une enquête du gendarme français des marchés.
L'agence S&P, dont chaque communication est scrutée à la loupe dans le contexte d'extrême nervosité des marchés, a fait savoir que "suite à une erreur technique, un message" faisant état d'une dégradation de la note de la France avait "été automatiquement diffusé" à certains de ses abonnés.
Le couac est survenu alors que l'écart entre le taux des obligations à 10 ans de l'Allemagne et de la France sur le marché de la dette a atteint un nouveau record historique jeudi, au-delà des 170 points de base.