
Après quatre ans de travaux, le Théâtre national populaire (TNP) de Villeurbanne rouvre ses portes vendredi, avec la programmation de "Ruy Blas" de Victor Hugo, en présence du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
AFP - Le Théâtre National Populaire (TNP) de Villeurbanne, scène mythique qui fut dirigée par Roger Planchon et Patrice Chéreau, rouvre ses portes vendredi, après quatre années de travaux, avec la même ambition culturelle qu'aux origines, celle d'un "tout pour tous".
"Ruy Blas" de Victor Hugo en ouverture en présence du ministre de la Culture Frédéric Mitterand, soirée-concert gratuite dimanche, émissions radio et télé, expositions et débats sont au menu de ce long week-end festif, qui commémore les 91 ans du TNP.
C'est le 11 novembre 1920 que le metteur en scène Firmin Gémier inaugurait au Palais du Trocadéro à Paris le TNP, qu'il concevait comme un service public. L'Etat l'a transféré en 1972 à Villeurbanne au nom de la décentralisation culturelle.
Son bâtiment imposant des années 1930, face à l'hôtel de ville, n'avait pas été rénové depuis. Le chantier a coûté 32,8 millions d'euros, financés par la commune, l'Etat, la région Rhône-Alpes et la communauté urbaine de Lyon.
Le cabinet d'architecture Fabre/Speller, qui a rénové le Théâtre du Rond-Point à Paris et une vingtaine d'autres grandes salles, s'y est attelé, en recherchant "un équilibre entre le patrimoine et l'outil de travail", selon Xavier Fabre.
Pour le directeur du TNP, le metteur en scène Christian Schiaretti, le pari d'"associer la démocratie à l'élégance" est gagné.
L'édifice, qui a conservé sa structure originelle, s'est ouvert sur ses quatre faces par de larges baies vitrées, pour mieux "traverser l'espace urbain". Les espaces d'accueil ont retrouvé un sol carrelé, des boiseries et des teintes rouge, jaune, brune et grise.
La grande salle Roger-Planchon, du nom de celui qui dirigea le TNP durant trente ans, se singularise toujours par ses gradins formant une coquille Saint-Jacques, creusée en son centre, ce qui assure une visibilité égale aux près de 700 spectateurs. Les allées coupant les rangées ont même été supprimées. La cage de scène a été agrandie, avec un plateau de 300 m2.
Un nouveau "petit théâtre" de 250 places a ouvert dès l'automne 2009 à l'arrière du TNP. L'ensemble comprend quatre salles de répétition, dont trois pouvant accueillir du public.
"Il faut des acteurs dans les théâtres!", tonne Christian Schiaretti, qui a grossi les effectifs, avec une troupe permanente de 12 comédiens et au total une vingtaine de collaborateurs réguliers.
Il entend faire du TNP avant tout "un lieu d'élaboration et de fabrication, et non seulement d'accueil" d'artistes de passage.
A l'unisson, le maire (PS) de Villeurbanne, Jean-Paul Bret, réaffirme le message de 1972: "Le public doit être aussi bien servi qu'à Paris". Et pour un tarif modique, de 13 à 23 euros la place.
La pièce qui inaugure le grand théâtre, le drame romantique "Ruy Blas", met "Hugo en bannière" du nouveau TNP pour "son projet politique et humaniste", selon Schiaretti qui en signe la mise en scène.
Répertoire et créations seront au programme de la saison, qui verra aussi Patrice Chéreau dans la salle qu'il a dirigée avec "La nuit juste avant les forêts" de Koltès, ou le Berliner Ensemble avec "Richard II" de Shakespeare.
La nouvelle page de l'histoire du TNP pourrait s'écrire sans Christian Schiaretti, aux commandes depuis 2002, qui a annoncé préparer sa succession, soucieux d'une bonne "prise en main d'un tel outil public".