Un tribunal du Texas a rejeté jeudi la demande de tests ADN formulée par le condamné à mort Hank Skinner, accusé d'un triple meurtre. Son exécution, prévue le 9 novembre, pourrait générer un scandale public comme ce fut le cas pour Troy Davis.
AFP - A six jours de la date prévue de son exécution, le condamné à mort Hank Skinner, marié à une Française, voit ses espoirs s'amenuiser, avec le rejet jeudi par un tribunal du Texas de sa nouvelle demande de tests ADN qu'il réclame pour prouver son innocence.
Le tribunal du 31e district du Comté de Gray a "ordonné que la troisième demande de tests ADN d'Henry W. Skinner soit rejetée", peut-on lire, sans autre explication, dans le jugement dont l'AFP a obtenu copie.
Henry "Hank" Skinner, marié à la Française Sandrine Ageorges, a été condamné à la peine capitale pour les meurtres le soir du Nouvel An 1993 de sa compagne d'alors, battue à mort, et des deux fils de celle-ci, poignardés.
M. Skinner, 49 ans, dont 16 passés dans le couloir de la mort, a toujours nié avoir commis ce triple meurtre et a demandé à la justice que des tests ADN soient réalisés sur des éléments de preuve qui n'ont jamais été analysés.
Robert Owen, un de ses avocats, s'est dit "profondément déçu" mais a annoncé à l'AFP qu'il ferait appel de ce jugement devant une cour d'appel d'Austin, la capitale du Texas, et demanderait que l'exécution, prévue le 9 novembre, soit suspendue.
Il a assuré "garder espoir", en s'appuyant sur une loi, approuvée au printemps dernier par le Congrès texan, qui retire l'argument sur lequel s'était fondé le second refus de tests ADN, en 2009.
Avec le texte précédent, M. Skinner s'était vu refuser ces analyses au motif que c'était de sa responsabilité si celles-ci n'avaient pas été réalisées au moment du procès en 1995.
Le premier refus, en 2003, était fondé sur le fait qu'il n'avait pas réussi à prouver que de nouveaux tests ADN l'innocenteraient.
"Skinner s'appuye sur les mêmes +nouvelles+ preuves que cette Cour a rejetées", ont estimé les procureurs dans leur demande de rejet. Selon eux, "Skinner n'a pas su démontrer qu'existe la probabilité que de nouveaux tests l'innocenteraient".
Hank Skinner n'a jamais nié être sur la scène du crime, mais il affirme avoir ingurgité un cocktail de médicaments et de vodka qui le mettait dans l'incapacité de commettre ce triple meurtre. Il réclame que des tests ADN soient effectués sur des taches de sang, de sperme et des particules prélevées sous les ongles de sa compagne.
Pour son avocat, "l'affaire Hank Skinner peut générer le même scandale public que pour Troy Davis", exécuté en septembre en Géorgie (sud-est) malgré une mobilisation internationale.
"Il est tout à fait possible qu'elle (...) devienne une controverse nationale du fait que notre gouverneur (républicain, Rick Perry) est candidat à l'élection présidentielle", estime-t-il.
Dix-sept élus, anciens procureurs et juges avaient demandé la semaine dernière, dans une lettre commune au gouverneur Perry, que ces tests ADN soient réalisés "avant de procéder à l'exécution".
"Ce n'est pas seulement du bon sens, c'est aussi une question de sécurité publique aux lourdes conséquences", disaient-ils en rappelant la libération récente au Texas d'un prisonnier innocenté grâce à des tests ADN après 25 ans d'emprisonnement.
Le 7 mars, la Cour suprême des Etats-Unis avait donné raison à M. Skinner, l'autorisant à saisir un tribunal fédéral pour réclamer ces tests. La décision de ce tribunal est toujours attendue et devrait intervenir après la décision de la cour d'appel. M. Skinner avait échappé in extremis à son exécution en 2010, grâce à un sursis prononcé par la Cour suprême trois quarts d'heure avant l'heure prévue.