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Vent de révolte au sein de la majorité grecque après l'annonce du référendum

Opposée à l'idée de soumettre à référendum le plan anticrise, une députée grecque a claqué la porte du groupe parlementaire socialiste. Une autre ténor du parti réclame, pour sa part, la formation d'un gouvernement "de salut national".

AFP - Le gouvernement grec apparaissait mardi sur le fil du rasoir avec l'entrée en dissidence de trois députées de la majorité socialiste et une prise de distance du ministre des Finances, après l'annonce par le Premier ministre d'un référendum sur l'accord européen de soutien au pays.

L'entourage du ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, a affirmé dans l'après-midi que le Premier ministre, Georges Papandréou, ne l'avait pas informé à l'avance de son projet de référendum, annoncé lundi soir, et qui a provoqué panique boursière et colère politique en Europe.

Pour tenter de limiter les dégâts, Paris et Berlin ont annoncé une réunion mercredi à Cannes, avant le sommet du G20, rassemblant M. Papandréou, les dirigeants allemand, Angela Merkel et français, Nicolas Sarkozy, les responsables de l'Union Européenne et la directrice du FMI Christine Lagarde.

M. Vénizélos, malgré les distances prises mardi, avait lundi soir justifié devant les médias grecs et le parlement le recours "cathartique" au référendum, choisi par M. Papandréou.

Hospitalisé dans la matinée pour des "douleurs abdominales", le ministre, rival malheureux de M. Papandréou à la direction socialiste en 2007, devait par ailleurs passer la nuit dans la clinique privée où il a été admis, victime d'une "inflammation de l'appendice", selon son entourage.

Du coup, sa présence à Cannes mercredi avec M. Papandréou ne semblait pas assurée.

Plus tôt dans la journée, une députée socialiste proche du camp Vénizélos, Milena Apostolaki, avait annoncé sa defection pour protester contre le recours au référendum, réduisant ainsi à 152 sièges sur 300 la fragile majorité socialiste dont bénéficie le gouvernement au parlement, trois jours avant un vote de confiance également réclamé lundi soir par M. Papandréou.

Une autre députée du même bord, Eva Kaïli, a menacé de faire de même en demandant à M. Papandréou de renoncer au référendum, prévu début 2012.

Sans annoncer de défection, la ténor socialiste Vasso Papandréou (sans lien de parenté avec le Premier ministre) est pour sa part entrée en dissidence en réclamant un gouvernement "de salut national" pour garantir la mise en oeuvre du plan européen anti-crise avant des élections anticipées.

"Le pays est menacé d'une faillite immédiate", a lancé cette ancienne commissaire européenne.

Si les analystes s'accordaient mardi pour juger que M. Papandréou avait choisi de jouer son va-tout en recourant au référendum, ces turbulences internes ont créé la suprise, alors que le gros des inquiétudes portait sur la réaction des marchés et des gouvernements européens.

Selon médias et politologues, M. Papandréou a abattu la carte du référendum au risque de déstabiliser la zone euro, justement pour éviter la tenue d'élections législatives anticipées, à l'issue très incertaine du fait de la conjoncture politique, et très risquée pour les socialistes, plombés face à la droite par deux ans de rigueur.

Selon ses services, le Premier ministre a souligné qu'un référendum allait "renforcer le pays dans la zone euro et sur le plan international", dans un entretien téléphonique mardi avec Mme Merkel.