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Paris y a cru jusqu'au bout

A 18 000 km d’Auckland, une foule de supporters s’est agglutinée devant l’écran géant installé sur la place de l’Hôtel de Ville de Paris à l’occasion de la finale du Mondial de rugby entre la France et la Nouvelle-Zélande. Reportage.

Sur la place de l’Hôtel de Ville de Paris, le soleil brille en cette fin de matinée d’automne, donnant au ciel un bleu fidèle aux couleurs du XV de France. Au cœur de la capitale française, où un écran géant a été installé pour permettre aux supporters de suivre la finale de la Coupe du monde de rugby entre la Nouvelle-Zélande et la France, l’ambiance n’est toutefois pas à la fête. Les joueurs de Marc Lièvremont viennent de s’incliner contre les All Blacks, après avoir livré leur meilleur match du tournoi.

Après la première mi-temps, comme Jérémie - 18 ans, dont cinq à supporter les Bleus de l’Ovalie -, beaucoup ont cru pourtant que les hommes de Marc Lièvremont allaient enfin renverser l’histoire et venir à bout de ces All Blacks que les Bleus aiment tant battre. "On est soulagé de les voir jouer de cette manière. L’équipe joue à fond sa chance. Ils sont au rendez-vous. Il faut continuer à les faire reculer."

Pour Sébastien, Christophe et Ludovic, si les Néo-Zélandais mènent au score à la mi-temps (5-0), les All Blacks semblent toutefois douter pour la première fois du Mondial. "On voit qu’ils nous craignent. Ils ont manqué leurs pénalités [Piri Weepu a raté trois pénalités, ndlr] et on les sent fébriles sur les impacts. En tout cas, ce n’est pas les mêmes Blacks qu’on a rencontré en phase de poules", explique Ludovic, supporter du RC Toulon quand il n’est pas derrière les Bleus.

Bandas, vin rouge, saucissons et bérets basques

Un groupe d’Anglais se détachent de la foule bleu-blanc-rouge. Ils sont à Paris pour fêter l’enterrement de vie de garçons d’un ami. En fans de rugby, ils n’ont pas hésité à se rendre à l’Hôtel de Ville pour suivre la finale et sont impressionnés par l’entame des Bleus. "Quand on a vu les Français se mettre en V devant les Blacks qui exécutaient leur haka, je me suis dit 'Game on !' ('C’est parti !'). On ne s’attendait pas à les voir jouer comme ça", confie Dan, coiffé d’un béret basque tricolore pour l’occasion.

Quand Craig Joubert, l’arbitre de la rencontre, siffle le début de la deuxième période, le public se projette à nouveau à 18 000 km de là. Cris et grognements viennent ponctuer les placages dévastateurs du capitaine français Thierry Dusautoir, qui finit par ouvrir, enfin, le compteur français. La place exulte mais le score penche toujours du côté "Néo-Z " (7-8). Alors on serre les rangs, on distribue verres de vin rouge et tranches de saucissons, en signe de solidarité franchouillarde.

Venus réchauffés l’atmosphère parisienne, les bandas du sud-ouest donnent un air de fête foraine à la rencontre. Mais les All Blacks ne veulent pas descendre du manège, accrochés à leur point d’avance. Après une série d’attaques françaises dans les dernières minutes, la foule se tait en espérant un essai du bout du monde. Il ne viendra pas. La Nouvelle-Zélande joue la montre en évitant le combat. Et la meilleure équipe de ce Mondial finit par s’imposer. "On a perdu mais le XV de France a fait taire les critiques des médias. Il lui manquait un tout petit quelque chose pour battre les Blacks. Peut-être quelques décisions de l’arbitre auraient pu faire la différence", conclut amèrement Julien, forcément triste de n’avoir pu célébrer une victoire qui paraissait si proche et si loin à la fois.